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Gabon : ce que pourrait révéler une Cour des comptes indépendante sur la gestion des finances publiques

le coup de coeur

Si la Cour des comptes du Gabon jouait pleinement son rôle, elle mettrait en évidence et sur la place publique des réalités inquiétantes sur la gestion des finances publiques depuis au moins 2019, à l’image des récentes révélations au Sénégal et en France. Au Sénégal, la dette publique atteint désormais 99,67 % du PIB, avec des milliards de fcfa introuvables dans les comptes publics. En France, la Cour des comptes alerte sur une dépense publique « hors de contrôle », qui creuse le déficit et menace l’équilibre budgétaire du pays. Au Gabon, bien que les chiffres officiels annoncent une certaine stabilité budgétaire, une analyse approfondie révélerait probablement des écarts préoccupants, notamment sur la gestion de la dette, l’explosion des dépenses de fonctionnement et l’efficacité des investissements publics.

L’un des premiers points que soulèverait une Cour des comptes active serait l’impact de la dette sur l’économie nationale. En 2025, l’État gabonais prévoit d’allouer 1290 milliards de fcfa au remboursement de la dette, soit près de 32% du budget total des dépenses. Bien que les charges financières de la dette aient légèrement diminué (-29 milliards fcfa), le poids de l’endettement demeure une contrainte majeure sur les finances publiques. Une question essentielle serait alors posée : l’ensemble des dettes contractées sont-elles transparentes et bien gérées ? Comme au Sénégal, où des 2 234 milliards de fcfa sont introuvables dans les comptes publics, une vérification rigoureuse des engagements financiers du Gabon permettrait d’évaluer si le pays ne sous-estime pas certaines dettes cachées ou si des fonds ne disparaissent pas dans des circuits opaques.

Le rôle d’une Cour des comptes rigoureuse

Par ailleurs, la hausse des dépenses de personnel, qui atteignent 825,3 milliards fcfa en 2025 (+53,6 milliards), pourrait être un autre sujet de préoccupation. Officiellement, cette augmentation est due à la régularisation des situations administratives, aux recrutements en cours et aux revalorisations salariales. Mais une Cour des comptes rigoureuse pourrait s’interroger sur la pertinence de ces hausses. Y a-t-il un lien direct entre ces dépenses et l’amélioration du service public ? Le pays souffre-t-il encore de la présence de « fonctionnaires fantômes » ? En France, la Cour des comptes souligne que l’augmentation des dépenses ne se traduit pas nécessairement par une amélioration du service public. Le même constat pourrait être fait au Gabon si l’on s’apercevait que ces recrutements ne répondent pas à une stratégie claire de performance administrative.

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Dans le même temps, les dépenses de biens et services connaissent une hausse spectaculaire de 33,3 % (+94,5 milliards fcfa), atteignant 378,6 milliards fcfa. Une grande partie de cette augmentation est justifiée par l’organisation des élections (28 milliards fcfa), les remboursements de TVA (+15,6 milliards fcfa) et des dépenses de souveraineté et de sécurité (+5 milliards fcfa). Toutefois, comme en France, où les collectivités locales ont fortement contribué à la hausse des dépenses publiques, une question se pose : ces augmentations sont-elles réellement justifiées, ou traduisent-elles une dérive budgétaire ? Sans un contrôle strict, ces fonds pourraient alimenter des surfacturations, des contrats opaques ou des dépenses inutiles, au détriment des véritables priorités du pays.

Une Cour pleinement opérationnelle

L’investissement public, qui augmente de 94,8 milliards fcfa pour atteindre 592,6 milliards fcfa, est une autre source d’interrogation. Officiellement, cette hausse est liée aux projets d’infrastructures et à l’organisation des élections. Mais sans un suivi rigoureux, ces fonds risquent d’être gaspillés dans des chantiers inachevés ou des projets mal planifiés. L’exemple du Sénégal, où la Cour des comptes a révélé des écarts inexpliqués dans les reports budgétaires, montre l’importance d’un contrôle strict de l’exécution des projets publics. Une Cour des comptes gabonaise pleinement opérationnelle pourrait ainsi exiger plus de transparence sur la gestion des fonds d’investissement et s’assurer que les dépenses bénéficient réellement à la population.

Enfin, si la Cour des comptes du Gabon fonctionnait comme celles du Sénégal et de la France, elle tirerait la sonnette d’alarme sur la nécessité d’un contrôle renforcé des finances publiques. Elle mettrait en évidence une dette toujours lourde, des dépenses de fonctionnement qui explosent sans garantie de rentabilité et des investissements parfois mal orientés. À l’heure où plusieurs pays africains cherchent à optimiser leur gestion budgétaire, un audit transparent et rigoureux des finances gabonaises permettrait d’éviter un scénario catastrophe. Sans un contrôle strict, le Gabon pourrait se retrouver dans une spirale d’endettement et de mauvaise gouvernance financière, compromettant ainsi son développement économique et social.

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