Le Gabon se trouve à la croisée des chemins en matière de partenariats internationaux. En 2024, le pays a accueilli plusieurs délégations étrangères, participé à plusieurs forums dont les forums Gabon-France, Gabon-Chine, Gabon-Etats-Unis, témoignant de l’intérêt croissant des grandes puissances pour notre nation, toujours autant riche en ressources naturelles. Parmi ces puissances, les États-Unis, la Chine, la France, et la Russie se positionnent comme des partenaires clés, chacun avec ses avantages et ses ambitions. En pleine transition et en pleine campagne référendaire, les autorités doivent faire un choix.
La Chine reste l’un des principaux partenaires économiques du Gabon, notamment dans les secteurs des infrastructures et des ressources naturelles. Le Gabon exporte environ 80% de son manganèse vers la Chine, représentant un marché stratégique pour cette ressource. Le fait que Comilog, principal producteur mondial de cette ressource, réduit sa voilure pour faire face à la baisse de la demande chinoise, en dit long. Toutefois, avec une production nationale de 9,97 millions de tonnes de manganèse en 2023, en baisse de 2,5% par rapport à l’année précédente, et des interruptions logistiques, ce partenariat pourrait connaître des défis à court terme.
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En effet, la demande chinoise fluctuante, exacerbée par la crise immobilière dans le pays, devrait inciter le Gabon à diversifier ses partenaires commerciaux pour éviter de dépendre excessivement de ce marché. De leur côté, les États-Unis, cherchent à renforcer leur présence sécuritaire, comme le montre la visite du Général Michael Langley à Libreville. Cependant, l’éventuel retour de Donald Trump à la présidence pourrait modifier la nature de cet engagement. Si Trump privilégie à nouveau un désengagement de l’Afrique, le Gabon pourrait devoir compenser en renforçant ses liens avec d’autres puissances. En 2023, les exportations gabonaises vers les États-Unis, principalement du pétrole, s’élevaient à 428,5 milliards de FCFA, représentant 15 % de la balance commerciale du Gabon. Une reconfiguration des politiques américaines pourrait donc avoir des répercussions directes sur l’économie gabonaise.
Dans le même temps, la France, ancienne puissance coloniale, reste un acteur influent, notamment dans les domaines culturel et politique. Elle doit cependant faire face à la concurrence grandissante de la Russie, qui a renforcé ses liens avec plusieurs pays africains ces dernières années. En 2023, les investissements français au Gabon étaient estimés à environ 787 milliards de fcfa, couvrant des secteurs clés comme les télécommunications et les infrastructures. Le Gabon pourrait donc s’appuyer sur la France pour stabiliser certains secteurs stratégiques, tout en explorant des partenariats avec la Russie, dont les récentes avancées dans la coopération militaire en Afrique deviennent de plus en plus notables.
La question qui se pose donc avec acuité, est celle de savoir comment les autorités gabonaises réussiront-elles à faire face à ce méli mélo? Vers quel partenaire se tourner pour assurer une stabilité à la fois économique et sécuritaire? A l’analyse de ces éléments, il apparaît clairement que le pays devra jongler habilement entre l’ensemble de ces partenaires. Mais leurs intérêts divergent. Depuis décembre 2023, la « flotte fantôme » russe, utilisée pour échapper aux sanctions occidentales sur le pétrole, enregistre de nombreux navires sous pavillon gabonais, ce qui n’est pas du goût de la France, ni des Etats-Unis. Parallèlement, la Russie est l’un des piliers des BRICS, tout comme la Chine qui a promis d’investir des centaines de milliards de fcfa dans divers projets d’ici quelques années. Un casse-tête pour les autorités gabonaises.








