Le décès tragique de Johan Bounda le 21 décembre dernier a plongé le Gabon dans une profonde consternation, mettant les militaires sous les projecteurs, une fois de plus. Le général-président Brice Clotaire Oligui Nguema a réagi promptement en réorientant l’enquête vers la Direction générale des recherches (DGR), éloignant ainsi le dossier des mains de la Direction générale de contre ingérence et de sécurité militaire (B2). Cette décision intervient alors que 9 militaires, suspectés d’être impliqués, sont déjà en détention, et deux généraux doivent être auditionnés pour clarifier leur rôle dans cette affaire.
L’objectif déclaré par Oligui Nguema est d’infliger des sanctions exemplaires pour mettre fin à une culture de l’impunité au sein des forces armées. Un Conseil de sécurité exceptionnel a été organisé, où le président aurait instruit une réévaluation rigoureuse des mécanismes internes de l’armée, soulignant l’importance d’assurer la transparence et le respect des droits humains dans ce processus.
Les implications d’une enquête délicate
La décision de retirer l’enquête au B2 et de confier cette responsabilité à la DGR montre une volonté de dissiper toute perception de partialité ou de manipulation. Les huit officiers actuellement en détention incluent des soldats de divers grades, ce qui amplifie le sentiment d’urgence de la situation. Le ministère de la Défense a signalé que ces militaires ne sont que les premiers à être mis en cause dans ce qui s’annonce comme une enquête de grande envergure.
Oligui Nguema a réitéré son engagement pour le respect de la dignité humaine et averti contre toute forme de torture. Il a chargé le ministre de la Défense de superviser de près cette affaire, assurant que les coupables ne seront pas protégés par l’uniforme mais jugés avec équité.
La réaction publique et médiatique
Les images du corps de Johan Bounda ont circulé abondamment sur internet, déclenchant une vague d’indignation. Le général Oligui Nguema a dénoncé la publication de ces clichés, appelant à la responsabilité des médias et des citoyens pour respecter la dignité du défunt et éviter la propagation de contenus indécents. Simultanément, le procureur de la République, Bruno Obiang Mve, a rappelé que la loi s’applique à tous, y compris aux forces de l’ordre.
Il a condamné les comportements déviants des militaires impliqués et a solennellement averti que toute tentative de dissimulation ou de corporatisme serait punie comme une obstruction à la justice.
Les enjeux de la vérité judiciaire
Le sort de Johan Bounda doit être élucidé au-delà des rumeurs de vol qui pesaient sur lui. Après avoir été interrogé par le B2 au sujet d’un vol présumé au domicile du général Ossima Ndong, des zones d’ombre persistent. L’affaire soulève des interrogations fondamentales sur l’état des droits et des devoirs au sein des rangs militaires, notamment concernant les procédures d’interrogatoire et le respect dû aux droits de chaque militaire, même accusé de fautes graves.
L’ouverture de l’enquête doit permettre d’établir la vérité et restituer l’intégrité des institutions judiciaires et militaires, condition sine qua non pour restaurer la confiance de la population dans ses forces de l’ordre. Brice Clotaire Oligui Nguema et son administration sont désormais confrontés à un défi de taille : devenir le symbole d’un changement tangible contre l’impunité et pour la justice.