À quelques jours du scrutin présidentiel, l’affaire Hervé Patrick Opiangah continue d’agiter la sphère politico-judiciaire gabonaise et désormais internationale. Après avoir saisi la Commission africaine des droits de l’Homme, l’ancien ministre des Mines et président de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS) voit son dossier gagner en visibilité au-delà des frontières gabonaises. Plusieurs médias internationaux, dont TV5 Monde et l’Agence Française de Presse (AFP), suivent de près cette situation qualifiée de « persécution politique » par ses avocats.
Dans un communiqué publié ce jeudi, le cabinet Bensimhon, représentant Opiangah, a confirmé que l’instance africaine avait accusé réception de la requête. « Nous avons soumis des éléments de preuve démontrant la violation des droits fondamentaux de notre client, notamment le recours abusif à l’appareil sécuritaire pour des raisons politiques », a déclaré Me Marc Bensimhon. Cette démarche vise non seulement à assurer son retour en toute sécurité au Gabon, mais aussi à permettre la reprise des activités de ses entreprises, qui emploient plus de 6 500 salariés et restent sous scellés depuis plusieurs mois.
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Sur le terrain politique, l’UDIS durcit le ton. Le parti dénonce un « deux poids, deux mesures » dans la gestion des affaires judiciaires sous la transition et exige une clarification du gouvernement. Plusieurs cadres du parti ont été reçus par des chancelleries occidentales à Libreville, dont l’ambassade de France, afin de plaider en faveur d’une médiation internationale. « Nous avons exposé la situation aux partenaires du Gabon. Il en va non seulement du respect des droits de l’Homme, mais aussi de la stabilité politique et économique du pays », a souligné un cadre de l’UDIS.
Par ailleurs, des voix commencent à s’élever au sein de la société civile et du milieu économique pour réclamer une sortie de crise. Certains acteurs du secteur privé s’inquiètent des répercussions de cette affaire sur le climat des affaires et sur l’image du Gabon à l’étranger. « Si une telle situation peut arriver à un investisseur de cette envergure, quel message envoie-t-on aux entreprises étrangères ? », s’interroge un chef d’entreprise sous couvert d’anonymat.
Alors que l’élection présidentielle du 12 avril 2025 approche, cette affaire pourrait peser lourd dans le débat public. L’UDIS prévoit de nouvelles actions pour maintenir la pression, tandis que le gouvernement reste pour l’instant silencieux sur la requête déposée auprès de la Commission africaine des droits de l’Homme. Une position attentiste qui pourrait se révéler délicate si la mobilisation autour de cette affaire venait à s’intensifier dans les jours à venir.