Laissés-pour-compte après la liquidation de la Global Sourcing and Supply (GSS) en mars 2018, les droits des ex-agents de de cette entreprise implantée à Port-Gentil, continuent d’être floués par le liquidateur devenu inaudible. L’inspection provinciale du travail impliquée à jouer les bons-offices dans cette affaire, tarde à offrir des garanties réelles quant à une issue heureuse pour ces centaines de familles dont les conditions de vie se sont considérablement dégradées six ans après.
Genèse de la triste histoire des ex-agents de GSS
Tout commence en mars 2018. Pour pallier à l’urgence de sa situation économique, les actionnaires ainsi que la direction générale de Global Sourcing and Supply (GSS), filiale du groupe BMMI, décident de mettre au chômage des centaines d’employés (417 au total) promettant de payer selon le protocole d’accord de la liquidation, la somme d’un milliard cinq cent millions de fcfa (1.500.000 fcfa) de droit de licenciement aux agents. Toutefois, depuis la banqueroute de l’entreprise, les anciens actionnaires n’auraient résolu que 30% de leur dette et se seraient évanoui dans la nature ne laissant place à aucune possibilité de paiement intégral des droits de ses ex-agents, car, en dépit des nombreux appels lancés envers l’ancienne direction, les travailleurs désabusés, n’ont reçu aucune indication favorable.
En effet, les tentatives de solutions restent vaines. Le cadre de concertation mis en place avec l’inspection de travail débouchant régulièrement sur des tensions à cause de la lenteur administrative et des nombreuses équivoques relevées dans la gestion de cette affaire. Une des propositions qui provoquent la grogne au sein du Collectif est la résolution au cas par cas du contentieux. Cette démarche selon eux, est non envisageable, car elle ne résoudra pas entièrement le problème.
Les déflatés de la GSS victimes d’un abus de confiance ?
Les agents licenciés réunis au sein du Collectif multiplient des initiatives à l’endroit des actionnaires de la GSS. Mais les différentes démarches sont restées infructueuses. Jean Stéphane Aboughe, porte-parole dudit collectif se désole de l’inertie constatée six ans après ce licenciement en masse, évoquant la timidité avec laquelle les autorités traitent cette «injustice». Entre-temps, les conditions de vie de certains d’entre eux se détériorent. Plusieurs ont même perdu la vie. Le seul engagement respecté par le liquidateur étant le paiement de 30% de la somme sur les 1 milliard 500 millions de fcfa prévu au départ.

Où est donc passé l’argent des ex-agents ? C’est à cette interrogation que tient l’espérance de cette frange de la population gabonaise. En effet, le cadre de concertation qui existait entre les deux parties s’est progressivement érigé en un monologue, et les revendications sociales de ces ex-travailleurs piétinent du fait de la duplicité des acteurs dans cette affaire. Il subsiste alors des interprétations aussi spéculatives que tendancieuses. Ils ne comprennent pas les tergiversations liées au respect de l’échéance contenus dans le protocole d’accord de la liquidation car, Il avait été prévu qu’à l’issue de cette banqueroute, le règlement de leur dû se ferait sur trois mois. C’est-à-dire 30% en mars, 20% en juin et les 50% restants en septembre 2018.
Où sont passés les liquidateurs de l’entreprise ?
Les actionnaires de la GSS ne se font plus entendre sur cette affaire, regrette l’un des membres du collectif. Ils ont abandonné la procédure aux mains de l’inspection du travail dépourvue des moyens conséquents pour parvenir à une entente sur le sujet. Le seul visage encore visible est celui du représentant du cabinet Fiduge, Hugues Nganguila qui n’a réussi à mobiliser qu’une infime partie de la somme pour le règlement de la première échéance.
Les raisons expliquées par ce dernier seraient que l’inspection du travail, acteur majeur et facilitateur dans ce processus continuerait à chercher les voies de règlements applicables à tous. Un fait aussi incongru qu’incompréhensible puisque l’inspection du travail ne détient pas un compte séquestre de l’entreprise. Mieux encore, le 16 avril 2018 les parties s’étaient accordé sur les modalités de règlement des indemnités de rupture.
Selon le protocole d’accord signé par Hugues Nganguila représentant GSS et les délégués du personnel, “le règlement des indemnités de rupture de contrats de travail tel que défini dans le procès-verbal de concertation sera réalisé, conformément au souhait ayant retenu le plus d’avis favorable lors de l’Assemblée Générale du 13 avril”. Le protocole d’accord propose que le “1er paiement de 30%” se fasse le “13 avril 2018” et le “2ème paiement de 20% au plus tard le 30 juin 2018”. Quant au 3ème paiement de 50% (pur solde) au plus tard le 30 septembre 2018”. La date d’effet de rupture de contrats de travail ayant été arrêtée d’un commun accord entre les parties au 30 mars 2018 avec tous les effets légaux. L’employeur, GSS représenté par Hughes Nganguila, a proposé à l’époque que soit défini une période de réclamation de 15 jours ouvrables, soit 3 semaines calendaires pour effectuer toute réclamation sur les modalités de calculs de leurs droits, soit le lundi 23 avril au 15 mai 2018. Mais rien de tout cela n’a été respecté.
Par ailleurs, les agents baladés entre les autorités administratives et politiques de la ville de Port-Gentil n’en démordent pas. Le constat est implacable, il y a du non-dit, s’explique encore l’un deux au cours d’une rencontre. Six années de luttes acharnées, des vies sacrifiées à essayer d’obtenir la compensation de leurs droits sans qu’aucune avancée significative n’ait été enregistrée, illustre l’insouciance des autorités face à la gravité de la situation. En attendant, la mobilisation continue, et le collectif s’en remet désormais au sommet de l’État en cette période de Transition où des situations similaires ont connu une meilleure fin.
CTRI, la seule alternative au problème ?
Las des manœuvres infructueuses des acteurs précédemment cités dans cette affaire, les déflatés de la GSS se tournent désormais vers le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) pour voir clair. Dans une longue séquence vidéo enregistrée sur YouTube, l’un des membres du collectif invite le président de la Transition à suivre cette actualité. Il souhaite que le général Brice Clotaire Oligui Nguema s’imprègne du dossier, afin de réparer le préjudice moral causé par des années de frustration latente. Le chef de l’État entendra-t-il leur appel ? Wait and see.