Le Gabon fait face à des difficultés croissantes pour mobiliser des fonds auprès des banques de la zone CEMAC. La Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) vient d’ailleurs de durcir le ton face aux autorités de la transition. Plus globalement, les règles d’emprunt des Etats membres de la zone ont été durcies pour éviter la crise. Cette révision a conduit à l’application d’un taux de pondération des risques de 100% sur les titres publics gabonais, rendant ces derniers particulièrement peu attractifs pour les investisseurs, et ce, malgré les assurances récentes du gouvernement suite au paiement par anticipation de l’eurobond 2025. Cette situation vient de conduire les autorités à implorer la clémence du gendarme financier.
Assurer une mobilisation des ressources suffisante
Dans une lettre adressée à la Cobac le 13 novembre 2024, le gouvernement gabonais a sollicité une exemption temporaire de cette nouvelle mesure pour la période allant de novembre 2024 à décembre 2025. Cette demande vise à permettre au Gabon de lever davantage de fonds sur le marché domestique pour financer un budget 2025 ambitieux, fixé à 4204,9 milliards fcfa. L’objectif est d’assurer une mobilisation de ressources suffisante pour répondre aux besoins budgétaires du pays.
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Cette démarche intervient dans un contexte où le Gabon peine à capter les ressources nécessaires en raison de la règle de pondération des risques récemment appliquée par la Cobac. Pour le gouvernement, «cette situation de faible mobilisation de ressources de financement engendre un risque important dans la bonne exécution des opérations budgétaires du dernier trimestre de l’année en cours. Elle va également impacter négativement le budget de l’année 2025, au regard de la contribution attendue des emprunts à lever sur notre marché financier». Elle pourrait donc nuire à la bonne exécution des opérations budgétaires pour le dernier trimestre 2024, et affecter négativement les prévisions budgétaires pour 2025.
Le Gabon onfronté à des contraintes accrues pour financer le budget 2025
Cette sollicitation d’exemption intervient également après que le Gabon ait procédé au paiement anticipé de son eurobond 2025, d’un montant de 500 millions de dollars, un effort significatif pour alléger la pression sur ses finances publiques. Le gouvernement gabonais indique dans sa lettre que, malgré cette mesure de réduction de la dette, le pays se trouve désormais confronté à des contraintes accrues pour le financement de son budget, exacerbées par la révision des critères de convergence de la CEMAC.
Les nouvelles règles de la Cobac, qui prévoient des taux de pondération élevés pour les titres publics de plusieurs pays de la région, ont été mises en place en octobre 2024 en raison du non-respect des critères de convergence économique fixés par la CEMAC. Le taux d’endettement du Gabon, qui atteignait 70,5% du PIB en 2023, est prévu pour augmenter à 73,1% en 2024, et pourrait grimper à 78,9% en 2025 si la situation actuelle persiste. En demandant cette exemption, le Gabon s’engage à ramener sa dette dans les limites des critères de convergence de la zone CEMAC dans un avenir proche.