Le Gabon replonge. Avec un budget 2026 gonflé à 7233 milliards de fcfa, le gouvernement annonce un record… mais cache mal son vrai pari : s’endetter encore et toujours. Près de 3213 milliards de fcfa devront être empruntés pour équilibrer les comptes. Presque la moitié du budget repose donc sur la dette. Ce qui veut dire que le gouvernement vit clairement au-dessus de ses moyens. Dans les faits, on met une façade d’ambition économique alors qu’en coulisses, c’est le crédit qui soutient tout l’édifice.
Au bonheur des créanciers
Le problème est simple : le service de la dette explose. En 2026, il faudra aligner 1676 milliards rien que pour payer le passif : 972 milliards en remboursement du capital et près de 400 milliards en intérêts. Autant dire que l’État travaille d’abord pour ses créanciers. C’est comme remplir un tonneau sans fond où chaque franc récolté finit par repartir en remboursement. Le pays dépense plus pour sa dette que pour ses écoles ou ses hôpitaux.
Et pourtant, le même gouvernement parle de « discipline budgétaire » et de budget base zéro. Mais quand presque tout repose sur l’emprunt, la discipline a un drôle de goût. On s’endette pour investir, oui, mais sans mécanisme clair de suivi, sans contrôle indépendant, on risque de répéter les erreurs passées. Le risque, c’est que les grands projets annoncés se retrouvent inachevés, mal gérés ou engloutis dans des circuits opaques. Et à la fin, c’est le contribuable qui paye.
La dette, un réflexe ?
On l’a déjà vu : le Gabon s’est retrouvé étranglé par la dette dans les années 1990 et 2000 avant de passer par l’Initiative PPTE. On a effacé une partie des ardoises, mais visiblement, les leçons n’ont pas été retenues. Aujourd’hui, le pays remet le doigt dans l’engrenage, avec des chiffres encore plus gros. La dette devient un réflexe, pas un outil stratégique. Et plus on emprunte, plus on s’expose aux marchés financiers et à leur instabilité.
Si rien ne change, le Gabon va finir piégé à emprunter pour rembourser les dettes d’hier, sans dégager les marges pour investir dans l’avenir. C’est une bombe à retardement. Chaque nouveau budget gonflé par l’endettement prépare le terrain pour une crise future. Il est urgent de casser ce cercle vicieux avant que la dépendance aux emprunts n’étouffe complètement la souveraineté économique du pays.
ENCADRÉ : 2026, l'année des créanciers du Gabon
En 2026, 1 franc sur 4 du budget servira uniquement au service de la dette. C’est colossal. Le Gabon paiera plus à ses créanciers qu’il ne dépense pour ses écoles, ses hôpitaux ou la lutte contre la pauvreté. Cette trajectoire n’est pas neutre : elle enferme l’État dans une logique où il travaille d’abord pour rembourser hier, plutôt que préparer demain. Le budget record n’est donc pas synonyme de prospérité, mais d’une dépendance accrue aux marchés financiers. Si la dette devient incontrôlable, c’est toute la souveraineté budgétaire du pays qui s’évapore.