Le président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema, a reçu le 3 mai 2025 une délégation du Contrôle général d’État, conduite par Fidèle Ntsissi, son Contrôleur général. Cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre du suivi de l’action publique, visait à clarifier les attentes du chef de l’État à l’égard de cette structure encore récente mais déjà scrutée de près. Il s’agissait surtout de sonner le réveil de cette autorité administrative créée pour renforcer l’exigence de redevabilité au sein de l’administration gabonaise.
Au terme des échanges, Oligui Nguema a été très clair : il faut renforcer, accélérer, et rendre visible l’exécution des missions de contrôle. En d’autres termes, l’État veut des résultats mesurables. Pas de promesses ni de rapports tièdes, mais des audits qui débouchent sur des actions concrètes et des recommandations appliquées. Ce discours présidentiel a tout d’un recadrage. Si la structure existe juridiquement, son efficacité sur le terrain demeure encore trop discrète. Et dans un contexte de transformation de notre économie où chaque acte public est scruté, l’inaction n’a plus sa place.
Le Contrôle général d’État, rappelons-le, a été mis sur pied en 2023 après la suppression de l’Autorité nationale de vérification et d’audit (Anavea), jugée inefficace et incapable de s’imposer face aux nombreuses déviations de la gestion publique. Il devait rompre avec la complaisance du passé en devenant une autorité forte, indépendante, dotée de moyens et de personnel mixte pour auditer aussi bien les administrations centrales que les collectivités locales. Mais jusqu’à présent, les Gabonais attendent toujours les premiers résultats visibles de cette refonte institutionnelle.
Avec cette injonction, le chef de l’État donne le ton : le temps des bilans creux est révolu. Les missions de contrôle doivent désormais jouer leur rôle de levier pour restaurer la discipline administrative et endiguer les dérives dans l’usage des ressources publiques. Le message est limpide : il ne s’agit pas d’occuper des bureaux climatisés, mais d’aller au contact du terrain, d’enquêter, d’identifier les dysfonctionnements et de proposer des mesures correctives rapides. L’heure est à l’efficacité et à la rigueur, dans un pays où la tolérance envers la mauvaise gestion s’épuise.
Ce coup de pression rappelle aussi que sans indépendance réelle ni moyens adéquats, aucun organe de contrôle ne peut jouer son rôle. La volonté politique affichée doit donc s’accompagner d’un appui technique et logistique à la hauteur des ambitions. Dans le cas contraire, même les meilleures intentions finiront par s’enliser dans les routines bureaucratiques. Le général Oligui Nguema, qui a fait de la lutte contre la corruption un pilier de son action, sait qu’il joue ici une part de sa crédibilité. C’est désormais au Contrôle général d’État de prouver qu’il mérite la confiance placée en lui.