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    Gabon : le référendum, un test à la fois politique, économique et de transparence  

    le coup de coeur

    Ferdinand DEMBA
    Ferdinand DEMBAhttp://www.insidenews241.com
    Passionné de lettres et désormais de chiffres, FD est le directeur de publication d’Inside News241. Journaliste de métier et de convictions, lui et son équipe sont au service d’une information objective, d’utilité publique et au service de la vérité.

    Le référendum constitutionnel en cours au Gabon représente un tournant crucial pour le pays, mais il met également en lumière de nombreuses tensions politiques, économiques et des questions de gouvernance. Annoncé comme un processus démocratique visant à réformer la Constitution, ce référendum s’accompagne de préoccupations sur la gestion des fonds publics, la transparence du processus et la manière dont il est perçu par la population. En plus de son enjeu politique majeur, il s’avère être un véritable test de la capacité du gouvernement à gérer un processus électoral dans un cadre transparent et équitable.

    Moderniser les institutions ou servir des intérêts politiques ?

    Le premier aspect de ce test est incontestablement politique. Le référendum est en grande partie perçu comme un outil permettant à la transition en cours de légitimer son pouvoir et de s’assurer d’un soutien populaire au projet constitutionnel. Cependant, des voix s’élèvent pour dénoncer la manière dont ce processus est géré, notamment en raison du manque de clarté sur les véritables objectifs du projet. Si l’initiative de réformer la Constitution peut apparaître comme une volonté de moderniser les institutions gabonaises, elle semble aussi servir des intérêts politiques spécifiques, notamment pour consolider la position du gouvernement actuel. 

    Sur le plan économique, le référendum est également un test majeur, notamment en ce qui concerne la gestion des fonds publics. En effet, une somme colossale de 28 milliards de fcfa a été allouée à l’organisation de cette consultation. Cependant, la répartition et l’utilisation de ces fonds suscitent de vives inquiétudes. De nombreux acteurs politiques et de la société civile pointent des pratiques opaques dans la gestion de ces ressources, avec des accusations de détournement de fonds et de favoritisme. Les citoyens et les observateurs réclament plus de transparence dans la répartition de cette manne financière, craignant que ces fonds ne soient utilisés pour acheter des soutiens politiques au lieu de servir l’intérêt général.

    Un test grandeur nature

    La question de la transparence est au cœur du débat autour de ce référendum. En l’absence d’informations claires sur l’utilisation des fonds et les mécanismes de contrôle, de nombreux observateurs redoutent que ce processus ne soit entaché de pratiques clientélistes et de manipulations. Les critiques portent également sur la gestion des campagnes de sensibilisation, où des acteurs locaux se plaignent de ne pas avoir reçu les compensations promises pour leur mobilisation. Dans ce climat de méfiance, le référendum risque de perdre sa légitimité auprès de la population, déjà lasse des scandales de corruption et des promesses non tenues. 

    Par ailleurs, dans une communication reçue la veille du lancement de la campagne référendaire, le ministère de la Communication et des Médias de Laurence Ndong invitait les medias à déposer une demande d’accréditation dans ses services pour la couverture du référendum. Chose assez curieuse pour une élection. Ce n’est que le lundi 11 novembre dernier, soit 5 jours après le lancement officiel de la campagne que les accréditations étaient disponibles. Les médias publics et proches du pouvoir ont reçu des dizaines, voire des vingtaines d’accréditations. Tandis que les les médias privés ont, semble-t-il, été relégués au second plan comme sous l’ère Ali Bongo Ondimba, voire pire. Quand des médias comme Gabon Média Time n’ont pas reçu d’accréditation, d’autres n’ont reçu qu’une seule. Et c’est le ministère qui a choisi le journaliste sur la liste envoyée par les médias privés. Une seule question est restée en suspens : à quoi serviront ces accréditations ? Certains craignent que ce soit le césame avec lequel accéder aux centres de vote au moment du dépouillement. 

    Défi de gouvernance

    En définitive, ce référendum est donc un véritable test de la démocratie et de l’état de droit au Gabon. Si la transition réussit à organiser ce processus dans un cadre transparent, sans recourir à des pratiques de manipulation ou de financement opaque, cela pourrait marquer un tournant pour la crédibilité du pays sur la scène internationale. Mais si, au contraire, le manque de transparence et la mauvaise gestion des fonds et de l’organisation se confirment, le référendum risque de devenir un symbole de la crise de gouvernance et de l’impasse politique dans laquelle se trouve le Gabon. La population, ainsi que la communauté internationale, attendent de voir si le pays saura répondre à ce défi en matière de gouvernance démocratique et de respect des principes de transparence.

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