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Gabon : les Comptes d’affectation spéciale, caisses noires d’un pays en quête de transparence?

le coup de coeur

Dans le discours officiel, le Conseil des ministres a annoncé ce vendredi 20 juin 2025, une « rationalisation » des Comptes d’affectation spéciale (CAS). Pourtant, ces comptes budgétaires dérogatoires, censés financer des politiques publiques ciblées (routes, santé, environnement…), sont devenus au Gabon de véritables poches d’opacité financière, échappant bien souvent au contrôle du Parlement et à l’audit citoyen.

Selon les données disponibles dans la Loi de finances 2023, le Gabon comptait plus de 40 CAS actifs, pour un budget cumulé dépassant les 180 milliards de fcfa. Pourtant, moins de 15% d’entre eux faisaient l’objet de rapports d’exécution clairs ou accessibles. Certains sont alimentés depuis plus de dix ans sans qu’on sache ce qu’ils financent réellement, ni comment sont choisis les bénéficiaires.

Un problème structurel

Cela signifie que le problème est structurel. Les CAS sont souvent ouverts par décret, hors logique de programmation pluriannuelle, et servent parfois à contourner les procédures normales de dépense publique. Résultat : double budgétisation, déperdition des crédits, absence de performance mesurable et encore. En 2021, une source interne au ministère du Budget évoquait des « fuites massives » et « une affectation discrétionnaire des crédits » dans plus de la moitié des CAS analysés.

Cette situation n’est pas propre au Gabon. La CEMAC, par le biais de ses règles budgétaires harmonisées, encadre strictement l’usage des CAS, qui doivent rester exceptionnels, temporaires, et justifiés par une mission clairement définie. En théorie, tout CAS doit être adossé à des indicateurs d’impact et faire l’objet d’un rapport annuel. Mais cette règle… reste lettre morte à Libreville.

Fermeture des CAS?

La véritable réforme serait de fermer tous les CAS inactifs ou non évalués, de fusionner ceux qui traitent des mêmes priorités, et d’en publier chaque année les résultats et les bénéficiaires, ligne par ligne. En pleine transition politique, ne pas assainir ces comptes revient à pérenniser les angles morts du budget national. Henri-Claude Oyima devra faire bien plus pour redonner confiance aux citoyens en la gestion de la chose publique. 

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