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Gabon : les marchés du CTRI dopent les matériaux… et la dette

le coup de coeur

Les chantiers pilotés par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) ont fait bouger l’économie de la construction. En 2024, la production de ciment a bondi de 17,7%, passant de 611.066 à 718.920 tonnes, tandis que la production de gravier a progressé de 2,9% et les importations de clinker ont augmenté de 18,4%.

Cette dynamique traduit un regain d’activité lié aux chantiers publics. Routes en béton, hôpitaux, cité administrative et salle des banquets, tous ces chantiers ont fait exploser la demande. Le chiffre d’affaires de la branche a atteint 57,98 milliards de fcfa, en hausse de 17,9%, soutenu par une demande vigoureuse.

Mais ce boom industriel a un revers non négligeable : la production de sable a chuté de moitié, signe que certains segments restent dépendants des commandes et de la régularité des chantiers. Les investissements dans le secteur ont bondi de 32,8%, atteignant 6,6 milliards de fcfa, pour le renouvellement des équipements, l’acquisition de véhicules et le développement du bâtiment. Ces chiffres confortent le rôle moteur de la construction dans l’économie gabonaise, mais aussi la sensibilité de la filière à la cadence des projets publics.

Parallèlement, la réussite des marchés du CTRI accentue une inquiétante opacité financière. La Task Force créée pour recenser les créances liées aux projets de la Transition a identifié plus de 429 milliards de fcfa de dettes « en cours de traitement ». Leur nature exacte reste floue. Dettes sans ordonnancement, engagements extra-budgétaires ou opérations opaques de l’ancien régime. Aucune répartition par ministère ou bénéficiaire n’a été communiquée, et aucun échéancier précis n’est public.

Cette accumulation de créances s’inscrit dans un contexte budgétaire déjà lourd. À fin juin 2025, la dette publique gabonaise dépasse 8567 milliards de fcfa, dont 3279 milliards d’arriérés intérieurs, 1062 milliards de dettes domestiques et 429 milliards de créances CTRI non clarifiées. Ce cumul alourdit la charge financière de l’État, fragilise la confiance des partenaires et limite la marge de manœuvre pour de nouveaux investissements, malgré la volonté affichée de transparence et de redressement des finances publiques.

Ainsi, les marchés du CTRI apparaissent comme un moteur de croissance pour la construction et l’industrie des matériaux, mais aussi comme un facteur de fragilisation financière. La question reste entière : comment concilier l’ambition d’infrastructures modernes et la nécessité d’un contrôle strict de la dette publique, afin que le boom de la construction ne se transforme pas en bombe budgétaire?

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