Alors que le parc automobile gabonais ne cesse de croître, une donnée interpelle : les véhicules représentent désormais 8% des importations totales du pays, selon la Banque mondiale. Ce chiffre, qui traduit la dépendance du Gabon aux importations de biens de consommation, met en lumière le paradoxe économique d’un pays importateur de mobilité mais producteur de peu de valeur ajoutée locale.
Pourtant les grandes entreprises notamment chinoises entendent délocaliser leur production sur le continent à moyen terme. D’après les données commerciales compilées dans la Note de conjoncture économique 2025 de la Banque mondiale, les importations nominales ont bondi de 14,1% en 2024, stimulées par la hausse des dépenses publiques et la demande intérieure. Parmi ces importations, les véhicules particuliers, les poids lourds et les engins de chantier occupent une place croissante, représentant un coût logistique et financier élevé pour l’État comme pour les ménages.
Cette dépendance structurelle traduit plusieurs faiblesses : absence d’industrie automobile locale, manque d’infrastructures ferroviaires, et vieillissement accéléré du parc roulant. À Libreville, plus de 60% des véhicules importés ont plus de 10 ans d’âge, selon les données de la Douane et du PLF 2026. Une situation qui accentue la pollution urbaine et la dégradation des routes, tout en alimentant un marché informel de pièces détachées et de revente.
Sur le plan budgétaire, le secteur automobile constitue aussi une manne pour l’État via la fiscalité indirecte (TVA à 18%, droits d’accises et droits de douane CEMAC). Mais cette ressource reste volatile, dépendant du niveau d’importation et du pouvoir d’achat. Or, dans un contexte de ralentissement économique et de pression sur la dette publique (72,5% du PIB fin 2024), le modèle basé sur la taxation à l’importation atteint ses limites.
En toile de fond, la hausse des importations de véhicules souligne une déconnexion entre la politique industrielle et les besoins d’aménagement du territoire. Sans stratégie nationale de mobilité ni incitation à la production locale, le Gabon reste tributaire d’un modèle coûteux, non durable, et économiquement stérile.








