Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a officiellement mis fin à l’Accord de Partenariat de Pêche Durable (APPD) liant le Gabon à l’Union européenne. Conclu en 2021, cet accord autorisait 33 navires européens, principalement français et espagnols, à exploiter jusqu’à 32 000 tonnes de thon par an dans les eaux gabonaises, contre une compensation annuelle de 2,6 millions d’euros. Selon les autorités gabonaises, cette décision s’inscrit dans une volonté de rétablir l’équilibre dans la gestion des ressources halieutiques nationales.
Depuis plusieurs années, des critiques étaient formulées contre cet accord, jugé peu avantageux pour le Gabon. Non seulement les captures étaient rarement débarquées sur le sol national, privant ainsi le pays des retombées économiques en matière d’emplois et de transformation locale, mais des préoccupations environnementales liées aux méthodes de pêche utilisées, comme les Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP), étaient également soulevées.
Le Parlement européen lui-même avait reconnu certaines limites en matière d’impact local. Le président Oligui Nguema a souligné que les recettes issues de cet accord étaient très inférieures à la valeur réelle des captures effectuées par les navires européens. Il a également dénoncé l’insuffisance des investissements européens dans le développement de la pêche locale, ainsi que le manque de transparence dans la traçabilité des prises.
Cette décision de dénonciation unilatérale constitue un signal fort de souveraineté et de révision des relations économiques déséquilibrées héritées du passé. Cette position était d’ailleurs partagée par certains observateurs européens. Ben Habib, ancien député européen et président de Brexit Watch, critiquait l’accord en affirmant qu’il était désavantageux pour le Gabon. « Ce que l’UE veut dire, c’est qu’ils ont l’intention de pêcher les eaux asséchées du Gabon. Ils emmèneront au Gabon leurs bateaux de pêche de taille industrielle et détruiront leur environnement local », soulignait-il.
Dans la foulée de cette rupture, le gouvernement ambitionne désormais de bâtir une filière thonière nationale intégrée. Des projets d’aménagement de quais de débarquement modernes, d’unités de transformation et de chaînes de froid sont envisagés. L’objectif est de créer de la valeur ajoutée sur le territoire, de générer des emplois dans les communautés côtières, et d’assurer une gestion plus durable des stocks halieutiques du pays.