Ce mardi 18 mars 2025, le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguéma, est attendu à Port-Gentil, la capitale économique et pétrolière du Gabon. Une visite qui tombe trois jours avant la date butoir du 21 mars, ultimatum fixé par l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP) avant le déclenchement d’une grève générale. Ce déplacement présidentiel, qui aurait pu être un simple passage de campagne, prend une tournure explosive, car les travailleurs pétroliers comptent bien profiter de l’occasion pour faire entendre leur mécontentement.
Dans un courrier officiel daté du 16 mars 2025, l’ONEP, par la voix du secrétaire général Sylvain Mayabi Binet, a appelé à un grand rassemblement pour adresser directement ses revendications au chef de l’État. Le syndicat dénonce une absence totale d’avancées malgré la création, sous l’autorité directe du président, de la Commission pour le Dialogue Social dans le Secteur des Hydrocarbures. Une commission qui, selon l’ONEP, est dépourvue de moyens pour mener à bien sa mission et qui voit ses travaux sans cesse repoussés sous prétexte de l’indisponibilité de l’UPEGA, l’organisation patronale des pétroliers présidée par Jacqueline Bignoumba. En clair, rien ne bouge, et l’ONEP voit dans cette visite une opportunité de mettre le président face à ses responsabilités.
L’annonce de la présence d’Oligui Nguéma à Port-Gentil change totalement la dynamique du bras de fer en cours. Jusqu’ici, les pétroliers campaient sur leurs positions, renvoyant la balle aux employeurs et au gouvernement. Mais avec l’arrivée du chef de l’État sur place, impossible d’esquiver la confrontation. Soit Oligui Nguéma fait des annonces fortes pour calmer la colère des travailleurs, soit il risque de voir son déplacement se transformer en bain de foule hostile, avec des slogans dénonçant l’inaction du gouvernement face aux revendications salariales et sécuritaires.
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Cette situation est d’autant plus délicate que la présidentielle approche à grands pas. Oligui Nguéma, en tant que candidat à sa propre succession, ne peut pas se permettre d’apparaître comme un président sourd aux préoccupations des travailleurs, surtout dans un secteur aussi stratégique que le pétrole. Une gestion maladroite de cette visite pourrait renforcer la grogne sociale et donner du grain à moudre à ses opposants, qui dénoncent déjà un manque d’écoute du pouvoir. Le président joue donc gros : soit il apaise les tensions, soit il repart de Port-Gentil avec un vent de contestation encore plus fort.
Le 18 mars sera donc un test grandeur nature pour Oligui Nguéma. Face à des travailleurs qui se sentent abandonnés et qui sont prêts à paralyser tout le secteur pétrolier dès le 22 mars, il devra faire preuve de détermination et de pragmatisme sans pour autant afficher une trop grande confiance. Mais le temps presse : si aucune solution concrète n’émerge de cette visite, le Gabon pourrait se réveiller dans trois jours avec une grève générale dans son industrie la plus vitale.