Selon le rapport du FMI de juillet 2024, la dette publique gabonaise est passée de 5949 milliards de fcfa en 2020 à environ 7500 milliards de fcfa en 2024, soit une augmentation de plus de 25% en quatre ans. Le taux d’endettement a ainsi franchi la barre des 78,9% du PIB, un niveau jugé préoccupant pour un pays membre de la CEMAC, où le seuil de convergence est de 70%. Le besoin de financement brut du pays a été estimé à plus de 800 milliards de fcfa par an à partir de 2025, exposant le Gabon à un risque élevé de surendettement, en l’absence de réformes de consolidation budgétaire.
La dette : un défi central
La dette publique du Gabon, représente aujourd’hui un défi central pour le président élu le 12 avril dernier, Brice Clotaire Oligui Nguema. Héritée du régime d’Ali Bongo, cette charge financière pèse lourdement sur les marges de manœuvre budgétaires de l’État. Le FMI prévoit un taux d’endettement atteignant jusqu’à 102% à fin décembre 2027, très au-dessus du seuil de 70% recommandé dans la zone CEMAC. Cette tendance témoigne d’un affaiblissement prolongé des fondamentaux budgétaires et d’un recours excessif à l’endettement pour financer le fonctionnement de l’État, au détriment des investissements structurants.
Le retour à l’ordre constitutionnel
Le retour à l’ordre constitutionnel pourrait, à court terme, rassurer certains bailleurs de fonds, mais il reste insuffisant s’il n’est pas suivi de réformes profondes. Dans son rapport de juillet 2024, le FMI avertissait déjà : « La dette suit une trajectoire explosive à moyen terme ». Autrement dit, en l’absence de mesures correctrices fortes, le Gabon risque de s’acheminer vers une situation de surendettement incontrôlable. Le gouvernement de la Transition est donc face à une nécessité impérieuse : définir une stratégie crédible de redressement budgétaire et de désendettement.
Renforcer la discipline fiscale
Le président Oligui Nguéma devra ainsi s’atteler à renforcer la discipline fiscale, améliorer la gouvernance des finances publiques, et limiter le recours aux emprunts non concessionnels. La transparence sur l’usage des ressources, la priorisation des dépenses et la lutte contre les détournements de fonds publics sont autant d’éléments nécessaires pour rétablir la confiance. Des efforts devront également être faits sur la mobilisation des recettes internes, en réformant l’administration fiscale et douanière, souvent minée par la fraude et la corruption.
Enfin, la réduction progressive de la dette pourrait permettre de réorienter une partie des ressources budgétaires vers les services sociaux de base tels que la santé, l’éducation ou l’accès à l’eau et à l’électricité. Ce rééquilibrage budgétaire permettrait non seulement de répondre aux attentes sociales, mais aussi de soutenir la croissance inclusive. Le fardeau de la dette ne pourra être allégé que si le Gabon réussit à restaurer sa crédibilité financière, condition indispensable à toute stratégie de développement durable.