L’accès à l’eau potable et à l’électricité demeure l’un des plus grands défis quotidiens pour les populations gabonaises. À Libreville, Port-Gentil ou Franceville, les délestages électriques et les pénuries d’eau perturbent la vie des ménages, paralysent les PME, fragilisent les écoles et les hôpitaux. Ces défaillances chroniques, héritées d’un système obsolète et d’une gouvernance défaillante, ont érodé la confiance dans les institutions et nourri le sentiment d’abandon.
D’après les données publiées par la SEEG et reprises dans le programme d’investissement public 2024–2026, plus de 60% des ménages à Libreville et Port-Gentil subissent des coupures électriques de plus de 6 heures par semaine. En milieu rural, moins de 35% des foyers ont un accès régulier à l’eau potable. Le déficit d’investissement dans les infrastructures de production, transport et distribution est estimé à plus de 500 milliards de fcfa sur 5 ans. Le FMI recommande donc la libéralisation partielle du secteur et une réforme tarifaire progressive pour attirer des partenaires privés.
Séparation en deux entités
Conscient de l’ampleur du problème, le président Brice Clotaire Oligui Nguéma a annoncé la séparation de la SEEG en deux entités : une pour l’eau, l’autre pour l’électricité. Cette réforme vise à améliorer la performance, renforcer la redevabilité et faciliter l’attraction d’investissements dans chacun de ces secteurs. L’objectif est aussi de sortir d’un modèle centralisé et opaque, pour aller vers une gestion plus technique, autonome et tournée vers les résultats.
Mais cette scission ne saurait suffire à elle seule. Il faudra également doter les deux entités d’une gouvernance claire, de ressources suffisantes et d’un cadre de régulation solide. Le renforcement des capacités internes, l’adoption d’un schéma directeur des infrastructures et une politique tarifaire équilibrée seront indispensables. Le gouvernement devra aussi rassurer les bailleurs en garantissant la transparence des appels d’offres et la stabilité des engagements contractuels.
Une réforme très attendue
Au-delà du confort des ménages, la question énergétique est au cœur de toute stratégie de développement industriel, agricole et touristique. Sans électricité stable, sans eau potable régulière, aucune politique d’émergence ne peut être durable. La crédibilité du président Oligui sur le terrain social sera étroitement liée à sa capacité à améliorer ces services de base. La réforme de la SEEG doit donc marquer un tournant, non une opération de communication.