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Gabon : quand le gouvernement «surestime» ses capacités de financement, selon Fitch Ratings

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Le gouvernement gabonais a présenté en septembre 2025 un projet de budget 2026 particulièrement ambitieux, avec un déficit prévu de 15 % du PIB et une augmentation quasi doublée des dépenses publiques par rapport à 2025. Parmi celles-ci, les investissements publics (capex) devraient connaître une hausse spectaculaire de 570%. Fitch Ratings estime que ces prévisions sont irréalistes, en raison des contraintes de financement déjà existantes, et que le déficit réel sera probablement beaucoup plus faible que celui annoncé.

La confiance du gouvernement dans la croissance économique repose sur des hypothèses optimistes. Le budget prévoit une croissance de 7,9% en 2026, largement stimulée par les dépenses publiques, alors que Fitch projette une hausse réelle du PIB de seulement 2,6%. Cette divergence souligne que les recettes non pétrolières pourraient être inférieures aux attentes, mettant en doute la capacité du gouvernement à financer son plan ambitieux sans ajustements significatifs.

Le volet pétrolier du budget illustre également cette surestimation. La production pétrolière devrait baisser de 3% en 2026, mais les revenus pétroliers sont censés augmenter de 36%. Fitch note que cela repose en partie sur l’acquisition par l’État d’Assala Energy en 2024, financée par emprunt. Une partie des recettes futures sera donc grevée par le service de cette dette, ce qui réduit la marge réelle de manœuvre pour le gouvernement.

La dépendance accrue du Gabon au marché régional des obligations souveraines (CEMAC) pour financer son déficit constitue un autre facteur de risque. Fitch souligne que la liquidité sur ce marché reste limitée malgré les interventions récentes, ce qui rend incertain le financement extérieur attendu. Le pays pourrait se retrouver contraint de réduire ses ambitions budgétaires si les conditions de financement ne s’améliorent pas rapidement.

La quête d’un nouveau programme avec le FMI pourrait se heurter à ces mêmes contraintes. Fitch estime que l’institution internationale sera peu susceptible d’accepter un déficit aussi élevé financé par des emprunts non concessionnels. Derrière le langage technique de l’agence, c’est un véritable uppercut pour le gouvernement, renvoyé à ses devoirs sur la nécessité de réaligner ses prévisions budgétaires et ses stratégies de financement, sous peine de voir sa crédibilité et sa capacité à mobiliser des ressources internationales fortement réduites.

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