Le Résidu atmosphérique de tête (RAT) s’impose désormais comme un symptôme majeur des limites structurelles de la chaîne de raffinage gabonaise. En avril 2025 selon les données du ministère du pétrole, la SOGARA a produit plus de 38000 tonnes de RAT, soit près de 46% du brut traité. Cette proportion écrasante montre une capacité de transformation encore incomplète, où le brut est insuffisamment converti en produits finis à forte valeur ajoutée.
Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il devient de plus en plus préoccupant dans un contexte de demande accrue en carburants raffinés. Le RAT est principalement un produit semi-fini qui nécessite des unités de conversion complexes pour être valorisé. En l’absence d’une telle infrastructure, le Gabon se retrouve avec des volumes considérables de produits difficilement utilisables localement.
En parallèle, la SOGARA a dû massivement importer les produits qu’elle ne parvient pas à produire en quantité suffisante : plus de 12000 tonnes de gazole et 11000 tonnes d’essence rien qu’en avril. Ce paradoxe entre production élevée mais insatisfaction de la demande, illustre bien la nécessité d’un saut qualitatif dans les capacités de raffinage.La gestion du RAT pose aussi un défi environnemental. Stocké en grande quantité et parfois exporté à faible prix, ce résidu entraîne des risques de pollution, sans générer de recettes significatives. C’est donc un produit coûteux à gérer, qui détourne les capacités logistiques et techniques au détriment des carburants essentiels.
La modernisation de la raffinerie avec des unités de conversion secondaire (cokerie, craquage) permettrait de réduire la production de RAT. Une telle réforme pourrait accroître l’offre locale de carburants, réduire les importations et renforcer la rentabilité industrielle de la SOGARA. A l’opérateur national de tout mettre en œuvre pour atteindre cet objectif.