Le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a fixé lors du Conseil des ministres du 12 août 2025 un objectif ambitieux : atteindre un taux de croissance d’au moins 10% à moyen terme, en s’appuyant sur un secteur non pétrolier robuste et créateur d’emplois. Ce cap vise à réduire la dépendance historique du Gabon au pétrole, qui représente encore près de 70% des recettes d’exportation, tout en stimulant l’innovation et la production locale. Atteindre une telle croissance nécessite une articulation précise entre investissements publics, partenariats privés et réformes structurelles.
La mise en œuvre repose sur plusieurs leviers économiques. La valorisation de la chaîne de production locale, la transformation des matières premières sur le territoire national, et la lutte contre les exonérations abusives doivent permettre d’élargir l’assiette fiscale et surtout la lutte contre la corruption, pas encore à l’ordre du jour. Selon le communiqué officiel, les secteurs prioritaires incluent l’infrastructure, le logement, l’agriculture et la transformation numérique. Chacun de ces domaines est conçu pour générer des emplois et créer de la valeur ajoutée, éléments essentiels pour soutenir une croissance à deux chiffres.
Cependant, plusieurs conditions doivent être remplies pour garantir la faisabilité de cet objectif. D’abord, le redressement des comptes publics est indispensable : un suivi budgétaire hebdomadaire, le pilotage stratégique du Compte Unique du Trésor et le recentrage des investissements sur les priorités nationales sont autant de mesures prévues pour sécuriser les finances. Ensuite, la simplification des procédures de création d’entreprises et le recours systématique à la médiation et à l’arbitrage visent à restaurer la confiance des investisseurs nationaux et étrangers, condition indispensable pour dynamiser le secteur non pétrolier.
Le secteur privé joue un rôle central dans cette trajectoire. La création d’un transitaire national, la réorganisation du commerce informel, et le lancement de la Centrale d’Achat du Gabon (CEAG) doivent faciliter la logistique, réguler les prix et renforcer la souveraineté économique. Ces mesures permettront d’assurer un environnement stable et compétitif, indispensable à l’émergence d’un tissu industriel capable de générer la croissance visée. Le gouvernement insiste également sur le soutien aux jeunes entrepreneurs et aux PME locales, notamment dans le commerce numérique et les secteurs émergents.
L’atteinte de ce taux de croissance suppose également une mise en œuvre cohérente et suivie dans le temps, avec une évaluation régulière des projets. Le Conseil Présidentiel de Performance, chargé du monitoring, sera clé pour ajuster les politiques en fonction des résultats réels. Les indicateurs devront mesurer non seulement le PIB, mais aussi la création d’emplois, la valeur ajoutée locale et la réduction de la dépendance aux matières premières brutes. Transformer les ambitions en résultats concrets, avec un impact direct sur le développement économique et social du Gabon sont les objectifs, mais la discipline sera le maître mot.