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Gabon: un besoin de 15000 milliards dans le secteur minier qui expose les limites du plan de relance

le coup de coeur

Le gouvernement gabonais vient de mettre un chiffre sur ses ambitions minières : 15000 milliards de fcfa. Une somme vertigineuse qui relativise la portée des récents accords de financement de 1600 milliards de fcfa obtenus à Abuja et révèle le décalage entre les intentions du document de cadrage et les moyens disponibles pour les concrétiser. Alors que le gouvernement gabonais affiche des ambitions décuplées pour faire du secteur minier un véritable moteur de croissance et un pilier de diversification économique, une déclaration du ministre des Mines, Gilles Nembe, vient jeter une lumière crue sur l’ampleur des besoins financiers réels. 

Lors d’une interview accordée à Gabon 1ère le 2 juillet 2025, le ministre des Mines Gilles Nembe a jeté un pavé dans la mare : « Les 1600 milliards obtenus récemment à Abuja ne sont qu’un début. Il nous faudra environ 15000 milliards de fcfa pour exécuter l’ensemble de nos projets miniers. » Cette déclaration remet brutalement en perspective la stratégie minière du Gabon telle que formulée dans le document de cadrage du ministère. Ce dernier présente une vision ambitieuse, articulée autour de l’exploitation « d’ici trois ans » des grands gisements (Belinga, Baniaka), de la transformation locale des minerais et de la montée en puissance des opérateurs nationaux, avec la « création de 15 000 emplois » au moins, selon le ministre des Mines.

« Il faut, le cas échéant, s’éloigner de certains anciens partenaires ou dirigeants qui continuent de prétendre que le Gabon est incapable de transformer son manganèse », a-t-il le ministre des Mines Gilles Nembe. © D.R.

Mais cette vision est aujourd’hui confrontée à une réalité budgétaire implacable. Même en agrégeant les financements multilatéraux, bilatéraux et privés actuels, le gap de près de 13 400 milliards de fcfa reste béant. Le document de cadrage, dans sa version actuelle, s’appuie sur une mobilisation accélérée des capitaux, sans toutefois détailler les mécanismes institutionnels ni la stratégie d’ingénierie financière censée permettre une levée d’un tel montant en moins d’une décennie. Pour Gilles Nembe, l’essentiel est ailleurs. « Il faut, le cas échéant, s’éloigner de certains anciens partenaires ou dirigeants qui continuent de prétendre que le Gabon est incapable de transformer son manganèse », a-t-il déclaré sur Gabon24.

Autre impasse et non des moindres, l’estimation fournie ne distingue pas clairement ce qui relève des infrastructures de transport (notamment la ligne Belinga-Mayumba, estimée à plusieurs milliers de milliards) de ce qui relève de la filière minière elle-même. Or, sans clarification budgétaire, cette confusion fragilise la planification stratégique : on ne sait plus si on parle d’un projet extractif ou d’un méga-programme d’aménagement du territoire.

En exposant ce chiffre de 15 000 milliards de fcfa sans garde-fou, le ministre des Mines a sans le vouloir mis à nu le défaut central du document de cadrage budgétaire : une ambition disproportionnée par rapport à la soutenabilité des finances publiques et à la faible maturité du secteur privé local. L’absence d’un plan de priorisation des projets miniers à court terme laisse planer le risque d’un éparpillement des ressources, déjà limitées. 

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