Le Conseil des ministres du jeudi 20 février a validé la souscription par le gouvernement d’un emprunt de 131 milliards de fcfa auprès d’Afreximbank. Ce financement qui représente à peine 10% du montant à souscrire auprès en financement extérieur, viserait à soutenir la mise en œuvre des projets structurants inscrits dans le Plan National de Développement pour la Transition (PNDT) 2024-2026. Une décision qui peut se justifier par la nécessité pour le pays de mobiliser des ressources extérieures, afin d’assurer la concrétisation de ses ambitions économiques et sociales, mais qui interroge quand on sait que ladite transition prend fin officiellement le 12 avril avec l’élection présidentielle.
Cette démarche intervient dans un contexte marqué par une hausse significative de la masse salariale de l’État. Pour l’exercice 2025, celle-ci a été portée à 825 milliards de fcfa, enregistrant une augmentation de plus de 70 milliards en seulement un an. Une progression qui reflète la volonté du gouvernement de garantir le paiement des agents publics, mais qui réduit également les marges budgétaires disponibles pour les investissements.
Face à cette contrainte budgétaire, le recours à l’endettement apparaît comme une solution incontournable pour financer les infrastructures stratégiques et les projets de développement. L’emprunt auprès d’Afreximbank devrait ainsi, sur le papier, permettre de sécuriser les fonds nécessaires…à la modernisation du pays, tout en maintenant les engagements pris en matière de rémunération des fonctionnaires.
Sauf que voilà : à force de vouloir tout financer en même temps, on se retrouve dans une situation où les caisses sont à sec avant même d’avoir démarré les grands chantiers. On augmente la masse salariale sans trop se poser de questions, on repousse les vraies décisions sur la maîtrise des dépenses, et on finit par courir après des emprunts pour boucler les investissements. Le problème, c’est que la dette, elle, ne fait pas de sentiment.
Le PNDT qui nécessite globalement plus de 4 500 milliards de fcfa pour sa mise en œuvre, se voit donc greffé de 131 milliards, ce qui ne couvrira qu’environ 10% du besoin en financement extérieur. Autant dire qu’il reste encore un sacré chemin à parcourir pour boucler le budget. L’Etat gabonais s’apprête dans le même temps, à lever plus de 300 milliards sur le marché public de la CEMAC. En cumulé, cela représente 431 milliards de fcfa d’endettement, rien que sur ces deux opérations. Autant dire que la pression sur les finances publiques va encore monter d’un cran, et il faudra bien trouver un moyen de rembourser tout ça.
L’emprunt auprès d’Afreximbank, au final, c’est un peu comme un pansement sur une plaie béante : ça tient un moment, mais ça ne règle pas le problème de fond. On continue de creuser un trou en espérant qu’il se rebouche tout seul. Entre la nécessité de financer des projets ambitieux et celle de garder un État qui tourne sans trop de secousses, le Gabon joue décidément un jeu dangereux. Et si l’économie ne suit pas, si les projets financés ne rapportent pas ce qu’ils devraient, ou pire, si ils ne sont pas réalisés, on va vite se retrouver avec une ardoise salée… et pas grand-chose à montrer en retour.