Le 18 novembre 2024, le ministère de l’Économie et des Participations a annoncé le rachat anticipé de 290 millions de dollars d’Eurobond 2025. Si cette opération, soit environ 180 milliards fcfa, vise à réduire la pression de la dette à court terme, elle semble davantage relever d’une stratégie de communication pour rassurer les investisseurs que d’une réelle amélioration de la situation financière du pays. Malgré cet effort notable, les défis budgétaires et financiers du Gabon restent considérables, comme le montre la récente démarche auprès de la COBAC (Commission Bancaire de l’Afrique Centrale) pour solliciter une exemption temporaire des nouvelles règles d’emprunt.
L’opération de rachat, bien qu’accueillie favorablement sur les marchés financiers avec une souscription atteignant 156% de l’objectif initial, intervient dans un contexte où les règles de pondération des risques imposées par la COBAC ont rendu les titres publics gabonais peu attractifs. Ce taux, fixé à 100%, complique la mobilisation de financements domestiques. Le gouvernement, dans une lettre adressée à la COBAC le 13 novembre 2024, a demandé une exemption temporaire de ces règles pour la période novembre 2024 à décembre 2025, afin de pouvoir lever des fonds nécessaires au financement du budget 2025, fixé à 4204,9 milliards fcfa.
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Malgré le paiement anticipé de l’Eurobond 2025, le Gabon continue donc de faire face à une trajectoire d’endettement inquiétante. La dette publique devrait atteindre 73,1% du PIB en 2024 et pourrait franchir la barre des 78,9% en 2025. Cette évolution reflète non seulement l’incapacité à générer des revenus suffisants, mais aussi une dépendance accrue aux emprunts pour financer les dépenses courantes. La démarche auprès de la COBAC souligne une difficulté structurelle à aligner ambition budgétaire et moyens financiers disponibles, malgré les efforts pour alléger les obligations à court terme.
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Le gouvernement justifie sa demande par le fait que les nouvelles règles de la COBAC compromettent l’exécution des opérations budgétaires, notamment pour le dernier trimestre de 2024, et risquent d’avoir un impact négatif sur le budget 2025. Selon les autorités, l’incapacité à lever des fonds sur le marché local met en péril la capacité de l’État à répondre à des priorités budgétaires stratégiques. Pourtant, cet argument peine à convaincre face à un budget qualifié d’ambitieux, voire irréaliste, par de nombreux observateurs et surtout quand on tient compte de la gabegie qui semble se poursuivre, avec des dépenses extrabudgétaires dont ignore le bilan.
Dans ce contexte, le rachat anticipé de l’eurobond, bien que symbolique, semble avoir davantage servi à projeter une image de stabilité financière qu’à résoudre les problèmes fondamentaux. Les nouvelles règles d’endettement imposées par la CEMAC sont le reflet d’une inquiétude régionale face à des niveaux d’endettement qui menacent la convergence économique. En 2025, le Gabon devra encore gérer une dette intérieure croissante. Bien que présenté comme une victoire économique, le rachat anticipé d’une partie de l’Eurobond 2025 cache mal les difficultés financières persistantes du Gabon.