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    Gabon : les recalés de l’ENA crient à la fraude et interpellent Oligui Nguema 

    le coup de coeur

    C’est une affaire qui commence à faire grincer les dents depuis la proclamation officielle des résultats finaux du concours de l’Ecole normale d’administration (ENA),  il y a quelques semaines. La raison, les multiples cas de fraudes enregistrés et prouvés par les recalés qui eux-mêmes se sont constitués en collectif pour dénoncer le clientélisme d’une administration défaillante et peu encline à servir la méritocratie. Retour sur le déroulement d’une affaire qui tient en liesse la ministre de la Fonction publique, Louise Boukandou,  principale mise en cause pour son silence coupable. 

    Concours et clientélisme :  une affaire de copains et coquins ?

    Le changement de régime au sommet de l’État ne fait pas que des heureux. En effet, la fièvre sociale provoquée par  l’arrivée  du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) au pouvoir,  il y a plus d’un an,  qui présageait une révolution drastique de la gouvernance publique, s’est effritée avec le temps. Une des conséquences de ce désenchantement se trouve dans la réouverture des recrutements à la Fonction publique. L’annonce en grande pompe de l’embauche dans ce secteur public qui emploie plus de la moitié de la population active, a pris les allures d’une mafia organisée où se jouent influence, corruption, extorsion et paganisme intellectuelle, etc. Le mal est profond, la justice sociale s’en  trouve profondément gangrenée par la mafia de ses groupuscules qui subtilement s’amusent à faire de la Fonction publique une chasse gardée pour leurs intérêts personnels.

    Tripatouillages des résultats ?

    L’affaire qui oppose le ministère de la Fonction publique aux candidats recalés du concours remonte à la publication des résultats définitifs des admis au concours après le second tour en octobre 2024. Les choses auraient pu s’arrêter là, sauf que les  listes encore visibles sur la page Facebook de l’ENA présentent un ensemble d’anomalies singulières. Changement de filière (ceux qui ont postulé pour la diplomatie se retrouvent en administration hospitalière et celui de l’administration hospitalière se retrouve admis mais en administration douanière….), tripatouillage des résultats, apparition des noms des personnes n’ayant pas participé aux concours, disparition des autres sont,  le lots de changements surprenants constatés par les plaignants dans l’organisation de ce concours.  Selon Juldas Stevince Biwagou, porte parole du mouvement  : «Ces résultats sont honteux et indigne d’une nation qui revendique la justice, la vérité et l’équité comme valeurs. Parce que ces résultats sont entachés de graves irrégularités  que tous les gabonais peuvent apprécier et que nous avons fait certifier par un huissier de justice», explique t-il. 

    Des mobilisations pour l’annulation des résultats

    D’après nos informations, les plaignants se sont concertés pour faire entendre leurs voix auprès des autorités administratives et politiques du pays. En dépit de quelques tentatives infructueuses, le mouvement des indignés continuera de faire recours  aux voies légales pour exercer une  pression sur les responsables de l’administration gabonaise afin d’obtenir l’annulation des résultats qui selon eux ne reflètent pas la réalité. Pour Peme Charles, l’un des contestataires  : «nous avons tous les documents nécessaires pour soutenir nos allégations», fait-il savoir à notre rédaction. Le collectif anti-fraude au concours de l’ENA détient des preuves de la supercherie d’État au concours d’une école d’antan réputée pour sa sélectivité. Aujourd’hui, Charles, comme beaucoup avant lui, se désolent de voir la gouvernance abjecte et  prégnante de ce concours, et il accuse le coup : «Il est bon de rappeler que le Gabon en pleine période de transition après le coup d’État du 30 août 2023, qui a vu tomber le « régime Bongo », dit vouloir s’engager dans un processus de restauration des Institutions, donc mettre fin aux pratiques frauduleuses qui avaient cours sous l’ancien régime. Pourtant l’une des institutions les plus prestigieuses du pays, en l’occurrence l’ENA, est entachée de fraude», souligne-t-il, peiné par les manœuvres rédhibitoires qui obstruent la justice sociale dans son pays. 

    Le président de la Transition appelé à réagir !  

    Plusieurs actions sont menées sur le terrain au moment de la rédaction de cet article. Nous avons suivi ces jeunes Gabonais. Ils ont déposé auprès du Conseil d’État toutes les preuves qui confirment leurs allégations de tricherie. De même que le Premier ministre, Raymond Ndong Sima (par recours hiérarchique du 14 octobre 2024, ndlr) et le président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema,  se trouvent actuellement informés de la situation de ces 291 personnes en situation de déshérence. Ils appellent collectivement le Chef de l’État à marquer d’une forte empreinte  sa politique de justice sociale. En attendant, c’est le statu quo.

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    Clavin
    Clavin
    9 jours il y a

    On en est réduit à savoir qui triche le mieux désormais entre le régime déchu et le nouveau. Il est difficile de croire aux nouvelles autorités qui parlent de réforme de la fonction publique mais qui cautionnent ce genre de pratique. Qu’elle administration espèrent-ils construire ? De quelle efficacité des agents publics parlent-ils ? J’ai peur d’avoir la réponse, mais le plus grave c’est le message qui s’en dégage encore sous l’ère de la (restauration), il y’a des gabonais qui ont un nom une relation donc des opportunités et le droit de rêver, puis tous les autres qui doivent se reconvertir en taximan ou en épicier car il n’est pas bon de prétendre à certaines fonctions quand on est fils ou fille de personne.

    Onaho
    Onaho
    9 jours il y a

    Je trouve personnellement très étonnant le mutisme des plus hautes autorités devant cette situation qui jette l’opprobre sur la nation et discrédite la notoriété même de cette école élitiste.
    Les preuves sont tellement accablantes que le Premier Ministre se doit de prendre ses responsabilités en soumettant au CTRI l’urgence de mettre fin à cette mascarade qui ne nous grandit pas et annuler ces résultats de la honte.

    Il y va de l’honneur de l’administration gabonaise.

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