Dans un Gabon en pleine transition, alors que la promesse d’un renouveau institutionnel semble à portée de main, le scrutin présidentiel du 12 avril 2025 aura-t-il marqué un tournant décisif ? À 18h30, le ministère de l’Intérieur annonçait un taux de participation de 87,21%. Une donnée impressionnante, presque inattendue, dans un pays où la défiance envers la classe politique était encore palpable il y a peu. Mais que signifie vraiment cette participation historique, rapportée à un corps électoral estimé à quelque 920 000 électeurs au sortir du référendum ?
Avec près de 805 000 votants potentiels à cette heure-là, l’affluence observée tout au long de la journée a-t-elle surpris jusque dans les cercles les plus sceptiques ? Dès 15h, le taux atteignait déjà 46,53%, annonçant une mobilisation crescendo. Libreville, Franceville, Port-Gentil, Makokou ou encore Mayumba ont vu défiler des milliers de citoyens. Même les bureaux de vote à l’étranger, parfois négligés, ont connu une affluence notable. Était-ce le fruit d’une prise de conscience collective ou le résultat d’une stratégie de communication bien huilée ?
La campagne de sensibilisation autour du slogan #JeSuisConcerné(e)JeVote a-t-elle réellement porté ses fruits, notamment auprès des jeunes ? Longtemps pointés du doigt pour leur abstention, ces derniers auraient-ils retrouvé foi en un système qu’ils jugeaient éloigné de leurs préoccupations ? Un analyste présent sur un lieu de vote note d’ailleurs que « le chiffre ne ment pas : les Gabonais ont voulu se réapproprier le processus démocratique ». Mais derrière cette déclaration, faut-il y voir une réelle rupture ou une embellie conjoncturelle ?
Ce niveau de participation suffit-il à garantir la légitimité du futur président ou de la future présidente, attendu(e) pour mener le pays vers la 5e République ? Alors que le dépouillement suit son cours et que les missions d’observation gardent un œil vigilant sur la transparence du processus, la question de la crédibilité des résultats s’annonce tout aussi essentielle que celle du taux de participation.
Ce 12 avril 2025 restera-t-il comme la date où les Gabonais ont véritablement repris la main sur leur destin politique ? Ou faudra-t-il attendre les actes concrets du futur gouvernement pour confirmer ce sursaut démocratique ? Une chose semble acquise : le peuple s’est levé. À ceux qui l’écoutent désormais de traduire ce signal fort en réformes profondes.
