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Gabon : une pluie de mégaprojets sous un ciel couvert de dettes

le coup de coeur

Le projet de société d’Oligui Nguéma prévoit un vaste plan d’infrastructures : routes (1960 km), hôpitaux spécialisés, logements pour les FDS, plateformes numériques et zones agricoles. Mais cette ambition s’inscrit dans un contexte économique déjà tendu : la dette publique a franchi la barre des 70% du PIB en 2024, pour atteindre environ 79% selon différentes sources de données dont le FMI. Fitch indique pour sa part un déficit budgétaire structurel croissant, de 5,3% du PIB en 2025, et prévient que sans redressement, le financement sera insoutenable.

À cela s’ajoute l’accumulation d’arriérés : en janvier 2025, la Banque mondiale avait suspendu ses décaissements pour 27 millions USD d’impayés. Une situation remise dans l’ordre depuis. Si certains paiements ont récemment été apurés, ces suspensions ont retardé des projets clés (routes, e‑Gabon, formation technique). Fitch note aussi que le service de la dette absorbe près de 70% des recettes nationales, sacrifiant l’investissement au budget courant.

Plusieurs opérations de restructuration

En réponse, le gouvernement a entrepris plusieurs opérations de restructuration : rachat anticipé de la moitié de l’Eurobond 2025 (192 milliards de fcfa) via le marché régional, et conversion de dettes externes en obligations à plus long terme. Fitch confirme que ces manœuvres ont allégé le calendrier des paiements 2025-26 d’environ 2% du PIB. Toutefois, la note reste en catégories spéculatives (CCC à CCC+), signe d’un risque élevé persistant.Sur le front des projets, les financements sont parfois massifs, mais dispersés. Plusieurs barrages sont en construction (Kinguélé Aval, Ngoulmendjim), sans réelle cohérence budgétaire commune. La dette liée à ces projets augmente d’ailleurs la fragilité du modèle : un choc sur les prix du pétrole pourrait et devrait même creuser encore le déficit.

Ce plan infrastructurel constitue un test majeur de la capacité gabonaise à financer sans s’asphyxier. Une stratégie budgétaire plus rigoureuse est impérative : priorisation claire des projets, chiffrage complet, transparence dans les financements, partenariats public‑privé structurants et un suivi indépendant. Sans ces préalables, le risque est clairement celui d’un emballement de la dette et d’un sous-investissement chronique.

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