Le fonds souverain norvégien, considéré comme le plus grand au monde, a annoncé vendredi dernier son retrait du capital d’Eramet, invoquant des motifs environnementaux et sociaux liés aux activités minières du groupe en Indonésie. Même si sa participation dans la multinationale française était minime avec seulement 0,44% du capital, soit environ 6,8 millions de dollars, ce désengagement envoie un signal autrement plus lourd qu’un simple chiffre comptable.
En cause, la coentreprise PT Weda Bay Nickel opérant sur l’île de Halmahera, accusée de graves atteintes à l’environnement et de menaces contre l’habitat de peuples autochtones non-contactés. Pour le Conseil d’éthique du fonds norvégien, il y a un risque avéré de violations des droits humains et un impact écologique difficilement réversible. Ces conclusions ont conduit Oslo à sortir Eramet de son portefeuille, conformément à ses stricts critères de gouvernance et de responsabilité sociétale.
Pour Eramet, cette décision a des conséquences qui dépassent la simple valeur boursière perdue. Elle expose l’entreprise à un effet domino où d’autres investisseurs institutionnels, sensibles aux critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance), pourraient être tentés de revoir leur exposition. Dans un contexte où les marchés financiers scrutent de plus en plus la conformité éthique des groupes extractifs, ce retrait norvégien pourrait amorcer une spirale de désengagements.
Le signal est d’autant plus préoccupant pour les pays où Eramet est un acteur économique central. Au Gabon, sa filiale Comilog constitue la locomotive du secteur minier et la plus puissante entreprise du pays avec plus de 700 milliards de fcfa de chiffre d’affaires, contribuant largement aux recettes d’exportation et aux finances publiques. Toute fragilisation de la maison-mère française pourrait, par ricochet, affecter les opérations gabonaises, et donc l’économie nationale qui dépend fortement de la rente du manganèse.
Même une sortie apparemment symbolique d’un acteur comme le fonds souverain norvégien peut avoir des répercussions systémiques. Eramet se retrouve sous pression pour démontrer qu’elle est capable de concilier rentabilité et responsabilité sociale. À défaut, le risque n’est pas seulement boursier, il est aussi politique et économique, jusque dans des pays comme le Gabon où l’avenir des finances publiques est intimement lié à la bonne santé du géant minier.