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Marchés publics : le Gabon gère-t-il ses milliards à l’aveugle?

le coup de coeur

Le Conseil des ministres de ce vendredi 30 mai a tiré la sonnette d’alarme : 93,25% des marchés publics attribués en 2025 l’ont été par entente directe. Ce chiffre, dévoilé par le ministre d’État chargé du Budget, tranche nettement avec les exigences de l’article 71 du Code des marchés publics, qui limite ce mode dérogatoire à 15% de la valeur totale des marchés. Cette dérive massive, qui concerne potentiellement plusieurs centaines de milliards de francs fcfa, expose l’État à de sérieux risques de dérives financières et entame la confiance des partenaires techniques et financiers.

Ce recours quasi-généralisé à l’entente directe n’est pas nouveau. Déjà, au début de la transition politique, Raymond Ndong Sima, alors Premier ministre, et Charles Mba, en charge des Comptes publics, avaient publiquement tiré la sonnette d’alarme. Ils dénonçaient un système dans lequel le gré à gré était devenu la norme, au mépris de l’article 71 du Code des marchés publics, qui limite cette procédure à 15 % de la valeur annuelle totale des marchés. Un plafond largement dépassé, année après année, sans que les pratiques ne changent.

Malgré ces avertissements, aucune inflexion durable n’a été observée. Le Conseil des ministres exprime aujourd’hui sa « vive préoccupation » et appelle à un rétablissement de la discipline administrative. Mais comment espérer redresser la barre quand l’aveuglement semble institutionnalisé ? La commande publique avance sans cap ni contrôle, alimentée par des circuits opaques et une culture de la facilité.Cette situation pèse lourdement sur la crédibilité du Gabon à l’international. Pour les partenaires techniques et financiers, une telle dérogation permanente aux règles de passation est un signal rouge. Sans concurrence, pas d’optimisation ; sans procédure rigoureuse, pas de garanties sur l’usage des fonds. Les milliards engagés deviennent alors des dépenses à haut risque, sans assurance de qualité ni de retour sur investissement pour les citoyens.

L’exécutif promet aujourd’hui un sursaut : responsabilisation des ministères sectoriels, simplification des étapes, meilleure planification des besoins. Mais tant que les pratiques du gré à gré ne seront pas publiquement encadrées, contrôlées et sanctionnées, le pays continuera de gérer ses finances publiques à l’aveugle. Et les alertes passées resteront des avertissements sans suite.

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