spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Ngangando II : entre originalité revendiquée et soupçon de copier-coller

le coup de coeur

Jilkrist Mombo
Jilkrist Mombo
De son vrai nom Jilkrist BINGANA MOMBO, Krist est un critique d'art de 25 ans. En Master recherche de Lettres Modernes, il est également un artiste auteur compositeur. C'est à la croisée de la littérature et de la musique que Krist nous propose des lectures interprétatives des textes de chansons. Depuis février 2022, il est contributeur à Inside News241.

Découvert dans le collectif  PLC Gang, Tommy Tom est un artiste que nous suivons de très près depuis ses débuts. De cet era qui était déjà incroyable à aujourd’hui, l’artiste signe un catalogue impressionnant de musiques éclectiques que nous préfassions déjà dans une de nos chroniques.   

Un frisson immédiat : l’annonce qui secoue la scène musicale

Il n’aura fallu que quelques minutes pour que l’annonce de la sortie de NGANGANDO II embrase les réseaux sociaux. Les réactions en cascade — partages, commentaires et débats passionnés — témoignent d’un fait indéniable : Tommy Tom a franchi un cap dans sa carrière. Si l’artiste n’en est pas à son premier coup d’éclat, c’est bel et bien grâce au single « Chouminou », en featuring avec ADB, qu’il s’est imposé auprès d’un public large. Ce titre, mélange d’énergie urbaine et de gimmicks accrocheurs, a ouvert les portes d’une reconnaissance au-delà de sa fanbase initiale. L’annonce de NGANGANDO II s’inscrit donc dans une trajectoire ascendante qui confirme l’artiste comme l’une des voix marquantes de sa génération.

Du nganga sexy au poète urbain : une image savamment construite

Tommy Tom n’a jamais été un simple rappeur. En cultivant l’image provocatrice et décalée du « nganga le plus sexy de la capitale », il a réussi à séduire un public bien plus vaste que la niche de ses débuts. Mais derrière ce personnage haut en couleur, c’est toute une stratégie d’artiste complet qui se déploie : une écriture engagée qui interroge les fractures sociales, une esthétique visuelle inspirée du Bwiti et des traditions locales, et une modernité urbaine assumée. Ce mélange de folklore et de codes contemporains fait de son premier projet une véritable passerelle entre cultures, capable de parler aux jeunes urbains connectés comme aux amateurs d’expérimentations artistiques.

Une cover habitée : maître de ses spectres

Ce 3 septembre 2025, la révélation de la cover de NGANGANDO II a ajouté une dimension mystique à l’attente. Réalisée par le designer Nervakez, elle met en scène un Tommy Tom au centre de ses propres esprits, trônant en figure maîtresse, tandis que des versions spectrales de lui se prosternent à ses pieds. Cette iconographie frappe par sa puissance symbolique : l’artiste se pose en chamane de son univers, ordonnant à ses doubles intérieurs. Au-delà de l’effet esthétique, elle annonce un album à la fois introspectif et envoûtant, où la musique pourrait explorer le rapport entre identité, spiritualité et création. L’imagerie rappelle la manière dont des artistes internationaux comme Kendrick Lamar (To Pimp a Butterfly) ou Burna Boy (Twice as Tall) ont utilisé leurs visuels pour mettre en avant des récits identitaires puissants (deux articles intéréssants disponibles en cliquant sur les titres des albums).

Une polémique visuelle… qui ne fait que renforcer l’attente

Toutefois, nous notons une ressemblance troublante entre cette cover et celle du dernier projet de Tris, autre artiste de la scène urbaine gabonaise. Les signes figuratifs liés au Bwiti —postures et symboles spirituels — sont présents dans les deux visuels.

Alors, simple convergence culturelle due à des trajectoires artistiques semblables, ou signe d’un essoufflement créatif du designer ? Quoi qu’il en soit, ce détail n’amoindrit en rien l’enthousiasme suscité par NGANGANDO II. Au contraire, il souligne une tendance de plus en plus marquée : l’appropriation esthétique des spiritualités africaines comme socle identitaire d’une nouvelle génération d’artistes.

Vers un nouvel âge pour Tommy Tom ?

L’annonce de NGANGANDO II s’impose comme un moment clé, non seulement pour Tommy Tom, mais pour l’ensemble de la scène musicale gabonaise. Après avoir affirmé une identité artistique originale, il est désormais attendu au tournant.

Si la promesse visuelle se confirme dans la musique, ce deuxième projet pourrait marquer une étape décisive : celle de l’installation durable d’un artiste qui ne se contente plus de séduire, mais aspire à incarner un mouvement culturel. En attendant on se ferait bien une millième écoute de NGANGANDO I !

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles