Depuis plusieurs années, le Gabon multiplie les initiatives pour attirer les investisseurs étrangers, notamment à travers des roadshows. Ces tournées promotionnelles à travers le monde ont pour objectif de mettre en lumière les atouts du pays, notamment dans le secteur des hydrocarbures, qui reste l’un des moteurs essentiels de son économie. Mais cette stratégie, répétée à maintes reprises par les autorités gabonaises, interroge. Si la présentation du bassin pétrolier et la signature de contrats sont des étapes positives, la question centrale demeure : est-ce vraiment l’organisation de roadshows qui manque au Gabon, ou une véritable amélioration du climat des affaires, plus structurelle et plus profonde ?
Le ministre du Pétrole, Marcel Abeke, l’a rappelé récemment dans une interview accordée au journal L’Union. Il annonce la préparation d’un nouveau roadshow destiné à renforcer l’attractivité du pays. Pour lui, le Gabon, fort de ses réserves de pétrole et de gaz, est « un acteur courtisé » sur la scène internationale et doit saisir cette opportunité pour attirer davantage d’investissements. Cette initiative, soutenue par des chiffres positifs tels que la signature de sept contrats d’exploitation en moins d’un an, semble pourtant omettre un élément fondamental : l’amélioration durable du climat des affaires au Gabon, condition sine qua non pour attirer et pérenniser les investissements étrangers.
Une stratégie redondante
Les roadshows se sont multipliés au fil des ans, et pourtant, les résultats concrets restent à démontrer. Le principe d’aller rencontrer les grandes majors pétrolières et de promouvoir le potentiel du Gabon est compréhensible, mais il ne suffit pas à lui seul à transformer le climat des affaires du pays. Ces tournées ne remplacent pas un cadre législatif et institutionnel stable et attractif. Pour qu’un investisseur s’engage dans un projet à long terme, encore faut-il que le pays offre des garanties solides, une sécurité juridique, une simplification administrative, ainsi qu’une transparence dans les procédures.
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Or, si le ministre souligne les avancées réalisées dans le secteur des hydrocarbures, force est de constater que de nombreux investisseurs, tant étrangers que locaux, pointent encore du doigt une lourdeur administrative, une instabilité fiscale et une certaine opacité dans la gestion des ressources naturelles. En outre, des réformes plus profondes sont nécessaires pour renforcer la compétitivité du pays sur le long terme, et non seulement en organisant des événements ponctuels qui, bien que médiatiques, ne créent pas les conditions de développement durable du secteur.
L’urgence d’une révision en profondeur
Les promesses d’amélioration de l’attractivité par la simple organisation de roadshows semblent parfois faire oublier l’essentiel : la nécessité d’une réforme profonde du cadre institutionnel et économique. Si le Gabon veut véritablement attirer des investisseurs, il doit d’abord s’attaquer aux problèmes structurels qui freinent son développement. Parmi ceux-ci figurent la corruption, l’instabilité politique, le manque de transparence dans la gestion des ressources naturelles, et une économie encore trop dépendante des fluctuations des prix du pétrole. Ces obstacles nécessitent des réformes profondes et systématiques qui ne peuvent pas être masquées par quelques événements promotionnels à l’international.
L’attractivité, d’abord une question de simplification et de stabilité
Dans le domaine des hydrocarbures, les grandes majors pétrolières recherchent des environnements stables et prévisibles, où les règles du jeu sont claires et les incertitudes minimisées. En l’absence de telles réformes, le Gabon risque de se retrouver dans une situation de concurrence accrue avec d’autres pays africains qui, eux, mettent en place des politiques attractives et transparentes. Des exemples comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou encore le Mozambique, qui ont su diversifier leurs économies et améliorer leur climat des affaires, montrent qu’une transformation économique véritable passe par des réformes structurelles ambitieuses et non par des annonces d’événements promotionnels.
Le ministère du Pétrole évoque régulièrement l’énorme potentiel pétrolier et gazier du Gabon, qui reste sous-exploité. Pourtant, cette réserve, bien qu’importante, ne pourra être pleinement exploitée que si le Gabon se dote d’une politique industrielle et énergétique moderne, adaptée aux exigences des investisseurs internationaux. Ce n’est pas en multipliant les roadshows que le pays résoudra les défis fondamentaux qui freinent son développement.
Il est légitime de se demander si le Gabon ne met pas la charrue avant les bœufs en concentrant ses efforts sur des roadshows, alors que l’urgence réside dans une réforme structurelle profonde de son environnement économique. Si le pays veut réellement capitaliser sur son potentiel énergétique et attirer des investisseurs de manière durable, il doit d’abord réformer en profondeur ses institutions, simplifier les démarches administratives, garantir une meilleure transparence et assurer la stabilité politique et fiscale. Tant que ces réformes ne seront pas au cœur de la stratégie du pays, les roadshows risquent de rester des événements isolés, sans véritable impact sur l’économie nationale.