Dans un contexte géopolitique tendu où chaque baril peut faire basculer les équilibres économiques, le Gabon a choisi la prudence. Le 5 juillet 2025, alors que huit pays membres de l’OPEP+ annonçaient une augmentation de leur production de 548000 barils par jour à compter d’août, Libreville a décidé de s’en dissocier. Une décision rare, assumée, qui témoigne d’une volonté croissante de défendre ses propres équilibres énergétiques.
Cette prise de distance pourrait pourtant se révéler payante. En optant pour le statu quo sur ses volumes, le Gabon parie sur un réajustement positif du marché mondial. Si l’augmentation de l’offre ne tire pas les prix vers le bas, elle pourrait du moins contribuer à une plus grande stabilité des cours. Un environnement propice pour des producteurs de taille intermédiaire, qui bénéficient de revenus mieux sécurisés sans engager des investissements lourds.
Avec une production d’environ 200000 barils par jour, le Gabon ne pèse pas lourd dans les décisions de l’OPEP+, mais il entend faire entendre sa voix. Et surtout, il mise sur une stratégie plus subtile : valoriser davantage chaque baril plutôt que d’en produire plus. C’est tout le pari du projet Cap Lopez LNG, fer de lance de la diversification énergétique nationale, et véritable vitrine de l’attractivité gabonaise en matière d’infrastructures gazières.
En maintenant ses volumes, le pays préserve aussi une forme de souveraineté énergétique. Il ne cède pas à la pression des grands producteurs, ni à la logique de surproduction. Cette posture permet aussi à Libreville de garder une marge de manœuvre stratégique, tant vis-à-vis de ses partenaires financiers que de ses opérateurs privés.