Le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguéma a officiellement lancé, ce samedi 5 juillet 2025, l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), lors d’une assemblée constitutive organisée en grande pompe au Palais des sports de Libreville. Dans une ambiance quasi-militaire à la ferveur soigneusement orchestrée, partisans et autres responsables politiques ont massivement répondu à l’appel, scellant ainsi la naissance d’une nouvelle formation censée porter la vision présidentielle.
Cette initiative marque un tournant dans la trajectoire politique d’Oligui Nguéma, élu en avril 2025 comme candidat indépendant, au nom d’un rejet des partis traditionnels et d’un appel au sursaut patriotique. En créant l’UDB, le chef de l’État tourne délibérément le dos à cette posture d’indépendance qui avait séduit une partie de l’opinion publique lassée des appareils partisans. Il fait fi des interrogations légitimes sur la compatibilité entre sa promesse de neutralité institutionnelle et la création d’un parti à son nom, alors qu’il est encore en fonction.

Derrière l’ambition affichée de « refondation » et de « gouvernance éthique », l’UDB apparaît déjà comme une structure façonnée sur mesure pour encadrer le pouvoir en place, mobiliser les ressources locales et verrouiller l’appareil politique. Ce modèle n’est pas sans rappeler celui d’Omar Bongo Ondimba, son mentor revendiqué, qui avait fondé le Parti Démocratique Gabonais (PDG) juste après avoir accédé au pouvoir, érigeant progressivement un système de parti hégémonique. Le parallèle historique est d’autant plus frappant que le lancement de l’UDB intervient dans un climat de recentralisation du pouvoir exécutif.

L’émergence de l’UDB interroge aussi sur la sincérité du processus de transition démocratique que le président dit vouloir conduire. Peut-on réinventer un pays en recyclant les méthodes d’hier ? Peut-on restaurer la confiance sans s’exposer aux mêmes critiques de captation du pouvoir et de confusion entre État et parti ? Les soutiens d’Oligui y voient une formalisation nécessaire du mouvement qui l’a porté, mais ses détracteurs y lisent le début d’une présidentialisation partisane déguisée.
Quoi qu’il en soit, l’UDB s’annonce davantage comme une courroie de transmission du pouvoir que comme un espace d’innovation démocratique. Sa création, au-delà des slogans consensuels de justice et de développement, relance le débat sur les intentions réelles du chef de l’État. Est-ce un outil de rassemblement ou un instrument de contrôle ? Le Gabon, qui a connu plusieurs décennies de monopole partisan, appelle à une pluralité réelle et un jeu démocratique ouvert. L’ombre du PDG plane toujours, même sous de nouveaux habits.