Le collectif des médias privés ayant assuré la couverture du Dialogue national inclusif (DNI) au Gabon a tenu un point de presse cet après-midi au siège du journal Kongossa-News, situé au PK 8 en banlieue de Libreville. Ce rassemblement a été l’occasion pour les journalistes de dénoncer les injustices et les traitements arbitraires qu’ils ont subis de la part du Comité d’organisation, après un mois d’immobilisation.
Stive Roméo Makanga, un des porte-paroles des journalistes, a commencé son discours par une reconnaissance de l’initiative prise par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), relevant « l’essor de vers la félicité » promis par le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. Il a souligné les efforts faits pour soutenir la presse, notamment l’augmentation de l’aide à la presse à 500 millions de francs fcfa et la création de 500 postes budgétaires pour les agents publics du secteur de la communication. Une subvention qui tarde d’ailleurs à être distribuée au Gabon, alors qu’en France, pays développé, elle est distribuée en février, mars et novembre à des médias qui ont des annonceurs. Le Gabon n’a pas inventé la roue.
Près de 400 journalistes, dont des fantômes
Cependant, cette intention bienveillante a vite été ternie par des pratiques douteuses et non réglementaires lors des accréditations pour le DNI. Selon Makanga, « près de 400 journalistes ont finalement été accrédités dans des conditions douteuses, sans que le Comité technique n’ait été sollicité pour la validation des accréditations additives”, au lieu des 250 arrêtés quelques heures avant le lancement des assises. Il a dénoncé la présence sur la liste finale d’individus sans lien avec la presse, y compris des personnels des cellules de communication ministérielle et des institutions administratives. Des personnes qu’on pourrait qualifier de « journalistes fantômes« .
Cette situation a créé « une cacophonie qui fait aujourd’hui polémique« , car les ressources budgétaires prévues pour la presse se sont avérées insuffisantes pour rémunérer adéquatement les journalistes régulièrement accrédités. Les journalistes se sont retrouvés « dans une situation inconfortable et humiliante« , certains recevant des jetons de présence aussi bas que 500.000 francs fcfa pour un mois de travail sans discontinuer, tandis que d’autres participants percevaient des sommes bien plus élevées.
Une presse au bas de l’échelle du pays
Stive Roméo Makanga a également souligné que « la presse nationale serait logée au bas de l’échelle des priorités des organisateurs du Dialogue national. » En conséquence, de nombreux journalistes régulièrement accrédités se retrouvent sans les titres de paiement du Trésor Public auxquels ils ont droit. Cette pratique, a-t-il ajouté, « représente une menace pour le libre exercice de la profession, et des droits y relatifs« . Donnant l’impression d’une volonté manifeste des organisateurs de précariser la presse pour mieux la contrôler ou la faire disparaître au profit de leurs propres médias.
En somme, les médias privés sollicitent l’arbitrage du président de la Transition, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, pour redresser cette situation et rendre justice à la presse nationale. Les journalistes espèrent que ce recours permettra de rectifier « ce préjudice aux allures d’opprobre jeté sur la presse nationale. »
Cet appel à la justice met en lumière les défis auxquels sont confrontés les journalistes gabonais dans l’exercice de leur métier et le rôle crucial qu’ils jouent pour garantir une couverture médiatique honnête et transparente, essentielle pour la démocratie et la bonne gouvernance du pays.