Pour ses législatives, le Sénégal consacre 861 millions de fcfa à la propagande des 41 listes électorales, chaque formation bénéficiant de supports imprimés d’une valeur de 21 millions de fcfa. En revanche, le référendum constitutionnel gabonais, avec une couverture médiatique quasi exclusivement assurée par des médias publics, justifie mal une partie importante des 28 milliards de fcfa dépensés. Si les autorités gabonaises avancent l’argument d’une campagne de proximité dans les provinces, elles n’ont fourni aucune ventilation détaillée des coûts engagés, alimentant des soupçons d’opacité.
Cette différence de gestion est frappante. En Afrique de l’Ouest, le Bénin, lors de son référendum de 2022, a dépensé 2 milliards de fcfa pour des campagnes médiatiques essentiellement numériques, réduisant drastiquement les coûts. Le Gabon aurait pu s’inspirer de cette stratégie dans un pays où la télévision et la radio publiques dominent le paysage médiatique. L’approche sénégalaise, quant à elle, reflète une répartition équitable des fonds, permettant à chaque liste de s’exprimer tout en maîtrisant les dépenses.
L’exemple du Rwanda
En parallèle, le Gabon doit pourtant composer avec un déficit budgétaire de plus de 5% du PIB, tandis que les recettes fiscales stagnent, affectant directement les investissements dans les infrastructures et les services publics. Dans ce contexte, les fonds alloués à une communication électorale largement contrôlée par le gouvernement auraient pu être redirigés vers des secteurs critiques. Le Rwanda offre à ce titre, un exemple inspirant.
Lors de ses élections parlementaires de 2018, une campagne combinant médias numériques et traditionnels a permis de réduire les coûts sans sacrifier la participation citoyenne. Une stratégie similaire aurait permis au Gabon de concilier efficacité financière et sensibilisation, un équilibre que le Sénégal semble également approcher. L’incohérence de la stratégie de communication électorale gabonaise devient évidente lorsqu’on examine donc la situation économique du pays. Avec des recettes fiscales stagnantes, consacrer 28 milliards de fcfa à une campagne référendaire dont la couverture médiatique est presque exclusivement assurée par les médias publics semble particulièrement impertinente.
Une approche gabonaise centralisée
Ce choix stratégique, axé sur un contrôle gouvernemental des informations diffusées, laisse de côté des alternatives plus efficaces et transparentes, comme les campagnes numériques ou une répartition plus équitable des fonds. En privilégiant une approche centralisée et coûteuse, les autorités gabonaises montrent un manque de vision à long terme, détournant des ressources qui pourraient être mieux investies dans des secteurs essentiels pour le développement du pays, comme les infrastructures, l’éducation ou la santé, où les besoins sont criants.