Le rapport annuel 2023 sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde n’offre guère de réconfort pour le Gabon. Le pays peine à fournir des données cohérentes et actualisées, rendant la situation incertaine et déplorable, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
L’absence de données fiables est l’un des principaux obstacles à l’amélioration de la sécurité alimentaire au Gabon. Le rapport 2023 souligne que les informations sont souvent obsolètes, et que sur le terrain, bien des structures restent non opérationnelles. Cette carence de données impacte grandement la capacité du pays à évaluer et à répondre efficacement aux besoins nutritionnels de sa population.
Adhésion au mouvement SUN : un parcours semé d’embûches
Malgré l’adhésion du Gabon d’Ali Bongo Ondimba, en 2016, au mouvement mondial pour la nutrition (SUN), et la création du document de Politique nationale sur la sécurité alimentaire et la nutrition (PNSAN), les initiatives peinent à se concrétiser. La plateforme nationale mise en place pour coordonner ces efforts n’a pas dépassé le stade informel, réduisant son impact potentiel.
L’Alliance des parlementaires, créée en 2022 avec l’espoir de renforcer la gouvernance nutritionnelle, a rapidement disparu de l’échiquier politique. De même, l’Alliance de la société civile, qui devait constituer un contrepoids et un soutien indépendant, reste embryonnaire. Cette situation reflète un manque de coordination et d’investissement durable dans les initiatives nutritionnelles.
Engagements internationaux non respectés
L’incapacité du Gabon à honorer ses engagements internationaux, tels que les protocoles de Malabo, Brazzaville et Maputo, illustre une carence de volonté politique et de priorisation des enjeux nutritionnels. Ces protocoles nécessitent l’inscription de lignes budgétaires spécifiques pour la nutrition, un fait que le Gabon n’a pas su réaliser efficacement jusqu’aujourd’hui.
De plus, l’absence de cadres juridiques au niveau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du mouvement SUN complique davantage la situation. Le manque d’organismes comme le Conseil national de la nutrition ou le Conseil national de l’alimentation au Gabon entrave la mise en place de stratégies coordonnées et à long terme.
Le Gabon se trouve à la croisée des chemins en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Pour progresser, une sérieuse introspection et une révision de l’approche nationale sont nécessaires. Des engagements fermes, soutenus par des données fiables et actualisées, sont impératifs pour éviter de laisser sa population dans l’ombre de la malnutrition et de l’insécurité alimentaire.
Appel à l’action
La reconnaissance des défaillances est un premier pas vers le changement. Le Gabon doit maintenant redoubler d’efforts pour consolider ses structures nutritionnelles, honorer ses engagements internationaux, et construire un cadre juridique robuste. Seul un investissement sincère et coordonné permettra de sortir de cette impasse et de garantir un avenir plus sain à ses citoyens.
Pour rappel, le Programme national de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNSAN), mené de 2013 à 2023 par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) vise à couvrir l’ensemble du pays concerné par l’étude. Il comprend des initiatives quinquennales, dont l’efficacité est vérifiable annuellement au sein des communautés rurales. L’objectif principal du PNSAN est de contribuer de manière durable à la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Mais surtout à l’amélioration de la qualité de vie des populations.