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SEEG et Moov : pas de courant, pas de connexion, un coup dur pour l’économie numérique 

le coup de coeur

Au Gabon, les délestages récurrents organisés de mains de maître par la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) et les perturbations du réseau Libertis (Moov Africa Gabon Télécom) ne sont plus de simples désagréments. Ils constituent aujourd’hui un véritable frein au développement économique et numérique du pays. À mesure que les coupures s’intensifient, c’est tout un écosystème digital qui vacille – et avec lui, l’espoir d’un Gabon pleinement ancré dans le XXIe siècle. Les bonnes paroles du gouvernement de la Ve République n’y changent rien.

Un double blackout : électricité et connexion

Depuis plusieurs mois, les usagers se retrouvent quotidiennement plongés dans le noir, souvent sans préavis, et sans alternative. Si l’électricité disparaît par intermittence, la connexion, elle, devient quasiment inaccessible parfois à cause d’une forte pluie. Or, ce dysfonctionnement en cascade n’est pas sans conséquences : Moov Africa Gabon Télécom, principal opérateur mobile du pays détenant les infrastructures Télécom, voit la qualité de ses services internet se dégrader dès que les délestages frappent. Les antennes relais, mal équipées pour fonctionner sur batteries de secours ou groupes électrogènes, cessent de diffuser le signal. Pourtant, Airtel continue de fonctionner. Tout un paradoxe.

Résultat : la double peine pour les citoyens – pas de lumière, pas de données mobiles. Et cette instabilité s’installe au moment même où l’économie numérique, fragile mais pleine de potentiel, tente de s’imposer comme un moteur alternatif de croissance.

Le numérique au bord de l’asphyxie

Le secteur digital gabonais, en pleine éclosion depuis quelques années, est aujourd’hui en sursis. Les jeunes entrepreneurs qui avaient misé sur le e-commerce, les développeurs freelances, les influenceurs, les plateformes de livraison ou de services en ligne… Tous doivent composer avec un environnement devenu imprévisible.

Les cybercafés, longtemps point d’accès essentiel pour les élèves, les chercheurs ou les petites entreprises, ferment les uns après les autres. Sans courant, sans internet, leurs ordinateurs sont réduits au silence, leurs imprimantes au chômage technique. Dans plusieurs quartiers de Libreville, on ne compte plus les devantures closes.

Certains commerces en ligne – déjà fragilisés par les hausses de prix sur le marché mondial, les difficultés d’importation et la baisse du pouvoir d’achat – voient leurs commandes bloquées, leurs paiements interrompus, leur image écornée. Que vaut une entreprise digitale qui ne peut répondre à ses clients qu’une fois par jour, ou jamais ?

Des conséquences économiques durables

Les répercussions vont bien au-delà des pertes immédiates. Elles freinent les investissements, dissuadent les initiatives privées, ralentissent l’administration numérique et aggravent le chômage chez les jeunes. Dans un contexte où l’Afrique est souvent présentée comme le futur hub technologique mondial, le Gabon risque de décrocher.

Et pourtant, les discours gouvernementaux parlent d’« émergence », de « transition numérique », de « smart cities ». Mais sans infrastructure énergétique fiable, sans réseau internet stable, ces ambitions relèvent de la chimère. Le numérique ne peut fleurir sur un sol instable, privé de courant et de bande passante.

À quand un sursaut ?

L’urgence est claire : la SEEG et Libertis doivent non seulement améliorer la fiabilité de leurs services, mais aussi rendre des comptes à une population excédée, et à une jeunesse qui voit ses rêves professionnels court-circuités. Le silence des autorités face à ces dysfonctionnements chroniques ne fait qu’attiser la colère et l’incompréhension.

Les pannes à répétition ne sont plus anecdotiques. Elles deviennent structurelles. Et dans un monde où la connexion est synonyme d’opportunité, chaque blackout est une marche arrière.

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