Dans son programme pour la présidentielle 2025, Thierry Yvon Michel N’Goma accorde une place centrale à la réforme monétaire. Selon lui, le franc cfa, monnaie commune aux pays de la CEMAC, est « un outil colonial déguisé » qui empêche toute politique économique autonome. Son ambition : sortir de cette union monétaire et créer, à terme, une monnaie propre au Gabon ou partagée avec des pays africains souverainistes.
Thierry N’Goma se dit favorable à un rapprochement avec l’Alliance des États du Sahel (AES), notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, qui ont annoncé en 2024 leur volonté de se retirer du cfa pour créer leur propre système monétaire. Le candidat envisage une coopération stratégique Sud-Sud, autour d’une zone économique bantoue et d’une future monnaie alternative à celle arrimée à l’euro.
Il soutient que la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) ne garantit pas une réelle autonomie monétaire pour les États membres, et dénonce la mainmise du Trésor français sur une partie des réserves de change de la région. Selon lui, « un pays sans monnaie souveraine est un pays sans pouvoir réel de décision économique », une position qu’il martèle dans ses meetings et interviews.
En rupture avec les élites technocratiques, Thierry N’Goma propose un référendum national sur la sortie du franc cfa et le lancement d’une commission d’experts panafricains pour la mise en place d’une nouvelle monnaie. Il promet également de réorganiser le secteur bancaire afin de mieux financer l’économie locale, tout en contrôlant les flux sortants de capitaux.
Sa vision monétaire radicale divise les économistes, certains y voyant une aventure risquée, d’autres une opportunité de redéfinir les rapports économiques du Gabon avec le monde. Quoi qu’il en soit, le débat sur le franc cfa, relancé par son programme, s’est installé au cœur de la campagne électorale et reflète une demande croissante de souveraineté économique dans le pays.