Un an après le coup d’État du 30 août 2023, baptisé « Coup de la Libération » et orchestré par les militaires regroupés au sein du Comité de la transition pour la restauration des institutions (CTRI) au Gabon, les nouvelles autorités affichent un bilan de 131 réalisations dans 17 secteurs clés de la gouvernance. Entre conquêtes symboliques et challenges à venir, cette période de transition a soulevé autant d’espoirs que de questions pour l’avenir du pays.
Sous la direction du général Brice Clotaire Oligui Nguema, plusieurs actions ont été entreprises pour restructurer des secteurs critiques. Dans le pétrole, la nationalisation stratégique d’Assala Energy vise à renforcer la souveraineté énergétique du Gabon. Simultanément, le rétablissement des bourses scolaires, après une suspension de sept ans, représente une bouffée d’air pour les familles gabonaises et un pas vers une meilleure redistribution des richesses.
La presse est également à l’honneur avec une augmentation massive des subventions aux médias, censée favoriser une information plus diverse et accessible. Sur le front des infrastructures, environ 600 km de routes rénovées témoignent d’un effort conséquent pour améliorer la mobilité et réduire les coûts logistiques à travers le pays.
Un bilan encouragé, mais face à des défis réels
Malgré ces progrès, les critiques pointent les risques de superficialité de certaines réformes. L’achat d’Assala Energy, bien que symbolique, exige des clarifications sur le financement et les répercussions sur la dette nationale. Dans l’éducation, les bourses renouvelées ne compensent pas les défaillances structurelles, et sans réforme en profondeur, l’impact restera limité. Établissements universitaires publics vétustes et dépourvus de matériels adéquats.
L’essor des subventions médiatiques pourrait être une épée à double tranchant : alors que l’intention est de diversifier l’information, les craintes d’un contrôle accru pèsent sur l’indépendance journalistique. Les critères d’éligibilité n’étant pas clairement définis et rendus public, la crainte de manipulation est omniprésente. Le domaine des infrastructures, bien qu’en progrès, attend toujours des pratiques de gestion durable et transparentes pour éviter les dérapages budgétaires et assurer la viabilité des travaux effectués.
Perspectives d’avenir entre espoirs et incertitudes
Pour consolider ces gains, la route vers une démocratie pleinement fonctionnelle demeure semée d’embûches. La lutte contre la corruption systémique, l’ajustement pragmatique de l’économie, et une gestion rigoureuse de la dette doivent être des priorités afin d’éviter le piégeage dans des pratiques anciennes et désuètes.
L’engagement ferme du CTRI à continuer les réformes pourrait catalyser un développement inclusif, équilibrant ainsi croissance économique et équité sociale. Cependant, la réussite de cette transition dépendra inéluctablement de l’alignement du leadership sur les principes fondamentaux de la justice sociale, de la transparence et des droits démocratiques.
En somme, une année après le grand basculement, le Gabon se trouve à un carrefour critique. Si les initiatives du CTRI posent des jalons essentiels vers une transformation envisagée, la réussite de cette métamorphose nationale nécessitera une vigilance accrue, une implication citoyenne et un dialogue inclusif pour pérenniser les acquis et préparer un avenir durable pour le pays. Loin du “kounabelisme” ambiant et de la politisation à outrance, le pays gagnerait à concentrer son énergie sur les réformes structurelles et la restauration ded institutions.