lundi, septembre 9, 2024
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    Référendum à 27 milliards, le Gabon au cœur d’une dérive budgétaire à venir chahutée

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    Depuis le coup d’État du 30 août 2023, orchestré par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), le Gabon s’est engagé dans un processus de réduction du train de vie de l’État. Dans ce cadre, le président Brice Clotaire Oligui Ngueman a personnellement renoncé à son salaire, tandis que les traitements des parlementaires ont été drastiquement diminués. Cependant, paradoxalement, les dépenses publiques continuent d’augmenter, en particulier pour ce qui concerne les biens et services. La prévision de 397 milliards de fcfa pour 2024 inclut, en point d’orgue, 27 milliards de fcfa uniquement pour l’organisation d’un référendum lié à la nouvelle Constitution.

    Cette hausse des dépenses a suscité des interrogations. Paul Malekou, dignitaire de la République, s’interroge sur la pertinence d’un débat autour d’un référendum dont le texte est inconnu du grand public. Pourtant, cette incohérence a entraîné l’intégration de ce coût dans la loi de finances rectificative (LFR), adoptée lors du Conseil des ministres du 31 août. La LFR, qui s’élève à 4 493,4 milliards de fcfa, inclut des dépenses totalisant 2 588,9 milliards de fcfa, dont une part significative est allouée au personnel et aux biens et services.

    Un montant qui suscite des inquiétudes

    L’interrogation majeure qui se pose est celle de la justification du montant alloué au référendum au Gabon, qui semble disproportionné. Par exemple, le référendum sénégalais de 2016 s’était soldé par un coût de seulement 2 milliards de fcfa pour l’impression de 12 millions de bulletins de vote. La question qui se pose est donc : Pourquoi le budget gabonais pour cet événement est-il plus de treize fois plus élevé ? 

    Les dépenses prévues incluent effectivement des aspects essentiels tels que la logistique, la formation des agents électoraux, ainsi que des campagnes d’information pour inciter la participation citoyenne. Mais malgré ces justifications, la somme de 27 milliards de fcfa suscite l’inquiétude et les critiques, notamment au regard des précédents historiques de dépenses jugées irrationnelles par les observateurs. 

    Un montant jugé excessif

    À titre de comparaison, ce montant égalise ou dépasse le coût de référendums dans d’autres pays de grande taille et de population comme le Nigeria ou l’Afrique du Sud. Cela soulève des questions sur la gestion des ressources et les priorités budgétaires d’un pays déjà soumis à des défis économiques importants, tels que les risques de liquidités, les impayés d’entreprises et le remboursement de la dette. 

    Ainsi, le Gabon semble, une fois de plus, pris dans une spirale de dérapages budgétaires qui pourraient avoir des répercussions sur la confiance des partenaires techniques et financiers. Ce référendum, loin de représenter une solution structuraliste aux problématiques de gouvernance, pourrait bien devenir un nouvel exemple d’une gestion peu rigoureuse des finances publiques. Les Gabonais se questionnent, alors : le prix à payer pour une nouvelle Constitution vaut-il vraiment 27 milliards de fcfa ?

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