L’ouverture officielle du Centre universitaire provincial de l’Ogooué-Lolo (CUPOL) à la rentrée 2025-2026, annoncée quelques jours après la missive du président Oligui Nguéma à l’endroit des étudiants de France, des États-Unis et du Canada, s’inscrit dans une volonté politique affirmée de rééquilibrage territorial de l’enseignement supérieur. Mais au-delà de l’annonce, ce projet soulève une question majeure : Koulamoutou peut-elle soutenir économiquement une telle infrastructure éducative sur le long terme ?
Le Cenrre universitaire provincial de l’Ogooué-Lolo (CUPOL), fruit de la reconversion du Lycée Paul Kouya, a été impulsé dans la foulée des promesses républicaines du président, alors de la Transition, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Situé à Koulamoutou, le centre ambitionne d’être une locomotive régionale de formation supérieure en sciences appliquées, technologies industrielles, et développement durable.
Un projet d’envergure
À terme, il devrait accueillir plusieurs centaines d’étudiants venus de tout le sud-est gabonais. Un projet d’envergure, qui s’accompagne d’un plan de spécialisation ambitieux : Génie civil, Énergies renouvelables, Écologie appliquée, Informatique, Management, Finance… Un catalogue qui tranche avec l’offre classique, souvent concentrée à Libreville ou Franceville.

L’enjeu est donc double : désengorger les universités de l’Estuaire et du Haut-Ogooué d’une part, et créer une dynamique locale de rétention des talents, de l’autre. Le gouvernement y voit une réponse concrète à l’exode académique des jeunes et à la concentration des savoirs. En ouvrant une offre de qualité à proximité, le CUPOL veut capter les futurs ingénieurs, gestionnaires ou techniciens du terroir. Mais pour que ces ambitions produisent des résultats, l’ancrage local doit aller au-delà du simple accueil logistique ou symbolique.
Le risque : que le CUPOL fonctionne comme une enclave isolée
Car en réalité, tout établissement universitaire est un écosystème économique. Il génère de la demande en logement, transport, restauration, services numériques, soutien académique… Autant de leviers de croissance pour une ville comme Koulamoutou, à condition que le tissu économique local puisse suivre.

Aujourd’hui encore, cette ville administrative peine à proposer des logements décents pour les étudiants, une offre diversifiée de restauration ou une vie associative universitaire solide. Le risque : que le CUPOL fonctionne comme une enclave isolée, sans véritable pollinisation sur l’environnement socio-économique.
Faire du CUPOL un véritable hub régional
Or, la viabilité financière à moyen terme d’un centre universitaire repose sur cette fameuse « émulation périphérique ». Les commerces, les PME, les start-ups, les banques locales et les services numériques doivent être au rendez-vous. Dans le cas contraire, l’État portera seul un fardeau budgétaire croissant pour entretenir une infrastructure sous-utilisée ou déconnectée de son environnement immédiat. C’est là toute la complexité d’un tel pari.
Il faudra donc que les autorités locales et régionales, les partenaires techniques, mais aussi les opérateurs privés, soient mobilisés pour faire du CUPOL un véritable hub régional. Le campus peut devenir une cité du savoir, à condition qu’on y adosse une politique de développement urbain et économique cohérente. Car sans villes dynamiques, les universités régionales risquent de n’être que des coquilles vides.