Le scandale du contrat Karpowership prend une nouvelle tournure avec l’enquête ouverte par la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI). Au centre de cette affaire, deux figures clés émergent : l’ancien ministre de l’Énergie, Jeannot Kalima, et l’ex-ministre de l’Économie et des Participations, Mays Kinga Mouissi. Malgré les nombreuses mises en garde sur les coûts exorbitants du projet, ces deux responsables ont validé un accord qui pourrait plonger encore davantage le Gabon dans des difficultés financières.
Selon les révélations de Jeune Afrique, dans son article intitulé “Karpowership-Libreville, les coulisses d’un contrat qui intéresse la commission anticorruption” publié le 30 janvier, Jeannot Kalima aurait personnellement conduit les négociations avec Karpowership à Ankara, au premier trimestre 2024. Cela, sans l’implication directe des cadres de la SEEG (Société d’énergie et d’eau du Gabon). Pire encore, une note interne de la Direction générale de l’Énergie (DGE), adressée en novembre 2024, pointait déjà des « insuffisances » majeures dans la mise en œuvre du projet. Pourtant, Kalima aurait choisi d’ignorer ces alertes et de poursuivre l’accord.
De son côté, Mays Mouissi, alors ministre de l’Économie et Participations, aurait également apposé sa signature sur ce contrat controversé, aux côtés de Charles Mba (ministre du Budget) et du colonel Guy Georges Ngamamba (n°2 de la SEEG), rapporte l’hebdomadaire. En validant cet accord, ces responsables ont engagé l’État gabonais dans un schéma financier lourd, avec une facture mensuelle en fioul lourd qui dépasse les 12 milliards de fcfa, alors même que la SEEG avait averti qu’elle ne pourrait pas supporter de telles dépenses.
Pourquoi ces ministres ont-ils insisté pour signer un contrat aussi déséquilibré ? Cette question est au cœur des investigations de la CNLCEI, qui cherche à déterminer s’il s’agit d’une simple erreur de gestion ou d’un cas flagrant de favoritisme et de corruption. Certains observateurs s’interrogent sur d’éventuels intérêts cachés derrière ce choix, surtout lorsqu’on sait que d’autres options, comme la prolongation du contrat Aggreko, étaient disponibles et bien plus abordables.
Aujourd’hui, alors que Libreville subit toujours de graves délestages, Kalima et Mouissi doivent répondre de leurs décisions devant l’opinion publique et les enquêteurs. Si des malversations sont avérées, ce dossier pourrait déboucher sur des poursuites judiciaires et des sanctions lourdes. Une chose est sûre : ce naufrage financier ne restera pas sans conséquences.