Président déchu du Gabon, Ali Bongo aurait entamé depuis quelques jours une grève de la faim pour dénoncer les conditions d’incarcération de Noureddine et Sylvia Bongo, respectivement son fils et son épouse. En résidence surveillée depuis les évènements du 30 août 2023, Ali Bongo n’a cessé d’appeler à la libération de son épouse et de son fils. Cette fois, sa revendication s’accompagne d’une action : le déclenchement d’un mouvement de grève de la faim. L’ex-dictateur ne s’alimenterait plus. Il proteste contre le pouvoir militaire.
Ali Bongo, président du Gabon de 2009 à 2023, expérimente sobrement l’indifférence dans sa résidence surveillée à Angondjé dans le nord de Libreville. Depuis quelques jours, il aurait arrêté de s’alimenter pour protester contre les conditions d’incarcération de sa femme Sylvia et Noureddine Valentin Bongo, son fils.
Appel à libérer sa famille
Comme depuis le début de la transition, Ali Bongo tente un chantage émotionnel vis-à-vis des nouvelles autorités qui ne marchent pas. Et il s’en rend bien compte qu’en dépit des nombreux appels à libérer sa famille, les autorités de la transition restent fermes et impassibles tant les raisons de ce désamour remontent à l’époque de la « young team », chapeautée par l’ex-première dame qui dirigeait en l’absence de son mari, le pays d’une main de fer.
Le retour d’Ali Bongo quelques années après son hospitalisation au Maroc avant la présidentielle d’août 2023, n’a fait qu’augmenter ces vieilles querelles entre Noureddine Valenton Bongo et les hauts gradés de l’armée gabonaise qui lui reproche d’avoir ajouté à cette réalité accablante, une gouvernance éclectique des deniers publics (détournements des fonds et corruption), un musellement de la liberté d’expression (emprisonnement des voix discordantes), une surenchère du trafic d’influence et une désintégration de l’État. Mais l’ex-président ne l’entend pas de cette oreille, pour lui, sa femme et son fils paient le prix de l’iniquité collective rependu au sein de l’opinion publique.
La roue tourne
Président du Gabon durant 14 ans, Ali Bongo n’avait pas mesuré l’effet inverse de son pouvoir tyrannique contre les opposants à son régime. La roue tourne. Les événements au “QG de Jean Ping” en 2016, raisonnent fraîchement dans la mémoire collective comme la plus sanglante des élections. D’ailleurs, beaucoup de Gabonais ne comprennent pas les raisons pour lesquelles le pouvoir militaire se contente d’une résidence surveillée pour cet ancien “tortionnaire”, qui menait des expéditions contre ceux qui osaient contrarier sa gouvernance suprémaciste du Gabon. Que réclame-t-il ? Pense-t-il aux centaines de personnes incarcérées, voire jugées arbitrairement sous son règne ?
Désormais, la fin du pouvoir d’Ali Bongo tourne aux lamentations. Sans levier de pouvoir, elles demeurent lettre morte. Il avait d’ailleurs refusé de quitter le pays pour défendre sa famille emprisonnée.
En dépit des sorties des avocats de la famille, les lignes ne semblent pas véritablement bougées pour Ali Bongo et sa famille. Les Gabonais portent encore les stigmates de l’époque symbolisée par la brutalité d’une gouvernance aléatoire prête à se maintenir au pouvoir.