Face à l’ampleur de la corruption qui touche des institutions cruciales du pays, il est impératif que le Gabon entreprenne des réformes ambitieuses pour contrer ce fléau. Le rapport Afrobarometer, qui révèle que 76% des Gabonais estiment que la corruption a augmenté, montre que cette problématique n’est pas seulement un obstacle à la gouvernance mais également un frein majeur à la croissance économique et au développement social. Si des mesures correctives ne sont pas prises rapidement, la corruption continuera de paralyser les institutions et d’aggraver les inégalités économiques et sociales.
Une des premières priorités pour le gouvernement gabonais est de restaurer la confiance publique en renforçant les mécanismes de transparence et de responsabilité. La mise en place de dispositifs de contrôle public indépendants, capables de surveiller l’allocation et l’utilisation des fonds publics est un préalable. Les citoyens doivent avoir accès à des informations claires et précises sur la gestion des ressources publiques, et les responsables doivent être tenus responsables de leurs actes. La Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (Cnlcei) devrait disposer de pouvoirs renforcés et d’une autonomie suffisante pour agir efficacement contre les responsables, qu’ils soient issus du gouvernement ou d’autres institutions publiques.
Des réformes pour restaurer la stabilité économique
En effet, les dérapages budgétaires au Gabon, notamment la gestion des finances publiques, soulignent l’urgence de réformes pour restaurer la stabilité économique et renforcer la transparence. Selon les données récentes, la dette publique du pays a atteint 70,5% du PIB, un niveau supérieur au plafond autorisé par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Cette situation est particulièrement préoccupante car elle est le résultat de déficits budgétaires persistants, alimentés par une gestion inefficace des ressources publiques et un manque de diversification économique.
La corruption aggrave les défis économiques
Le gouvernement gabonais a également accumulé des arriérés importants, affectant la viabilité de ses finances publiques. En conséquence, les perspectives de croissance à long terme sont menacées, avec une prévision de croissance économique qui devrait ralentir à environ 2,5% sur la longue durée, insuffisante pour stimuler une reprise significative. Ces déséquilibres sont exacerbés par une forte dépendance au secteur pétrolier, ce qui rend l’économie vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux du pétrole. Dans ce contexte, la corruption, particulièrement dans des institutions clés, aggrave les défis économiques du Gabon.
Répercussions sur les services sociaux et le développement
Le manque de transparence et l’inefficacité dans l’utilisation des ressources publiques ont des répercussions directes sur les services sociaux et le développement. Cela s’accompagne d’une pression accrue sur les dépenses publiques, notamment sur la masse salariale, qui atteint 771 milliards de francs cfa, et qui renforce les risques de corruption au sein de l’administration. Pour éviter un effondrement économique et social, le Gabon doit absolument engager des réformes structurelles, visant à améliorer la gestion des finances publiques, diversifier l’économie, et instaurer des mécanismes plus transparents pour lutter contre la corruption.
Si ces réformes ne sont pas mises en place rapidement, le pays risque de voir ses finances publiques davantage fragilisées, avec des conséquences potentielles graves sur sa stabilité économique et sa capacité à répondre aux besoins de sa population. Sans ces réformes essentielles, le Gabon risque de rester dans un cercle vicieux où la corruption continuera d’entraver son développement économique et social.