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    Restriction de la commercialisation de l’okoumé : le Gabon s’oppose à l’UE

    le coup de coeur

    L’Union européenne (UE) avait initialement envisagé de réguler la commercialisation de l’okoumé, un bois précieux principalement exploité par les pays d’Afrique centrale comme le Gabon, le Cameroun, la Guinée Équatoriale et le Congo. Cette décision envisagée dans le cadre de la Conférence des parties à la convention sur le commerce international des espèces menacées (CITIES) en Ouzbékistan suscitait de vives inquiétudes économiques.

    Réagissant promptement, le Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale (ROSCEVAC) a dénoncé cette interdiction comme une « sanction pour les pays dont l’économie est peu diversifiée », selon son coordonnateur Birdy Mombo. L’impact potentiel était alarmant : une perte estimée à 500 milliards de fcfa annuellement pour le Gabon et une menace pour 10 000 emplois directs et indirects, mettant en péril des efforts de diversification économique de longue haleine.  « Une perte de 500 milliards de FCFA par an, compromettant des années d’efforts pour transformer localement et diversifier l’économie », précise-t-il.

    Le ROSCEVAC a redouté des conséquences écologiques inverses, prédisant un « déséquilibre écologique » en raison de la pression accrue sur d’autres essences, menaçant ainsi la biodiversité fragilisée. Concernant la protection des ressources naturelles, le Coordonnateur de la ROSCEVAC pense que cette décision mûrie par le Comité scientifique chargé de la CITIES produira des effets contraires aux objectifs de la mesure d’interdiction proposés. Elle créerait « un déséquilibre écologique en forçant la pression sur d’autres essences moins gérées, menaçant la biodiversité que nous nous efforçons de protéger », prédit-il.

    Fort de cette vision, le réseau, sous la direction de Nicaise Moulombi, a mené une mobilisation collective au côté de ses homologues d’Afrique centrale, notamment le Cameroun, pour faire fléchir la position de l’UE.  « Face à cette situation, le ROSCEVAC, sous la direction de Nicaise Moulombi  a pris une décision audacieuse (….), par une mobilisation exemplaire, une note de position solide et des discussions fructueuses avec nos voisins (…), nous avons fait entendre nos voix », se réjouit-il de la collaboration entretenue avec des pays voisins. Cette initiative, combinée à une diplomatie active et des discussions engageantes, a permis d’éviter la classification restrictive de l’okoumé et du sapelli.

    La réaction du gouvernement gabonais

    Le gouvernement gabonais a également réagi. Dans un courrier daté du 3 décembre 2024, le ministre des Eaux et Forêts, le général Maurice Ntossui Allogho s’opposait à la décision de l’Union européenne d’introduire l’okoumé à l’annexe 2 de la CITIES pour réguler sa commercialisation comme essence partiellement protégée.

    Après analyse du contenu de la note de l’UE, « le Gabon s’accorde à reconnaître que les arguments avancés par le SRG ne reposent sur aucun fondement scientifique et écologique. En effet, il convient de rappeler que le Gabon, mon pays, est un Etat souverain pleinement engagé dans la gestion durable de ses ressources en bois. Il a adopté une politique ambitieuse visant à développer un modèle de gestion qui préserve le renouvellement du capital naturel, tout en prenant en compte les impératifs de développement et d’industrialisation du pays« , assure le ministre. Avant d’ajouter : « L’Okoumé, essence forestière quasi-endémique du Gabon est un bel exemple de réussite de cette politique. Elle est exploitée depuis près d’un siècle et constitue encore aujourd’hui, grâce à une connaissance approfondie de ses peuplements, leur mode de gestion, et leur évolution, une ressource stratégique, non seulement pour le secteur forestier national, mais également pour son rôle significatif à l’échelle régionale et internationale », précise Maurice Ntossui Allogho.

    Une victoire diplomatique

    En fin de compte, l’UE a décidé de ne pas inscrire ces essences à l’annexe II de la CITIES, confirmant son retrait de cette proposition. Cette victoire diplomatique souligne l’importance d’une gestion durable et responsable des ressources naturelles tout en équilibrant les préoccupations économiques et écologiques. Le cas de l’Okoumé démontre la puissance de la coopération régionale pour influencer des politiques internationales souvent déconnectées des réalités locales.

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