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Gabon : GOC, pilier de la souveraineté énergétique ou variable d’ajustement des entreprises en difficulté ?

le coup de coeur

Depuis plusieurs mois, la Gabon Oil Company (GOC), racheté plus de 600 milliards de fcfa par l’Etat gabonais via un mécanisme d’endettement contracté auprès du négociant Suisse Gunvor, enchaîne les acquisitions stratégiques dans le secteur pétrolier national. Après avoir mis la main sur Gabon Oil Marketing, elle a absorbé les actifs de Tullow Oil Gabon pour environ 181 milliards de fcfa, en plus d’une prise de participation dans SMP Afrique. 

La dernière opération en date, officialisée le 19 avril 2025, porte sur le rachat de près de 70% des parts de Pizolub, fleuron industriel en sommeil. Cette dynamique suscite un intérêt croissant, mais également des interrogations sur la logique de ces acquisitions.

Des difficultés structurelles

Si l’État présente ces rachats comme un effort pour reprendre le contrôle sur des actifs stratégiques, la réalité est plus nuancée. Une constante se dégage : les entités concernées par ces reprises affichent toutes des difficultés structurelles. Tullow Oil Gabon, par exemple, était confrontée à une dette de plus d’un milliard de dollars. Assala Energy, auparavant détenue par Carlyle, devait être cédée à Maurel & Prom avant que la GOC, soutenue par le négociant suisse Gunvor, n’exerce son droit de préemption. Quant à Pizolub, ses activités étaient à l’arrêt depuis plusieurs années, avec des passifs sociaux non résorbés.

Cette tendance pousse à se demander si la GOC ne devient pas un mécanisme d’ajustement, absorbant les entreprises en difficulté du secteur pétrolier national. En d’autres termes, l’entreprise publique semble jouer un rôle de repreneur en dernier ressort, parfois au détriment de la rentabilité immédiate. Cela interroge sur la viabilité économique de ces choix à moyen terme, d’autant plus que les conditions de financement de ces opérations sont rarement détaillées publiquement. Le risque d’une accumulation de charges sans retour sur investissement à moyen terme n’est pas à exclure.

La GOC contribue à rehausser la capacité nationale.

Pour autant, la démarche peut aussi s’interpréter comme une stratégie de souveraineté énergétique assumée. Le gouvernement de transition ayant initié ces acquisitions entend s’appuyer sur la GOC pour reconstruire un appareil industriel national fort et capter davantage de valeur ajoutée dans le secteur des hydrocarbures. Avec une production désormais estimée à 82000 barils par jour, contre 70000 précédemment, la GOC contribue à rehausser la capacité nationale. Mais pour que cette stratégie soit crédible, encore faut-il que les actifs repris soient restructurés et relancés de manière rentable.

La GOC évolue aujourd’hui sur une ligne de crête : entre impératif de souveraineté économique et risquerait d’endosser un rôle de « dépotoir » industriel alors même qu’elle n’a pas encore liquidé la dette inhérente à son rachat. À mesure que s’accumulent les acquisitions, la question d’une gouvernance robuste, de plans de relance viables et d’une transparence financière accrue devient cruciale. Le devenir de Pizolub, tout comme les performances à venir des filiales issues de Tullow et d’Assala, permettra de juger si la GOC est bien un moteur de renouveau ou simplement un amortisseur de faillites industrielles.

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