Si les Gabonais cherchaient une intrigue captivante pour 2025, la situation actuelle ne les déçoit certainement pas. La Coalition pour la Nouvelle République (CNR), autrefois bastion de la résistance sous le régime déchu d’Ali Bongo, s’est métamorphosée en une véritable série dramatique politique. Jean Ping, figure de proue et capitaine de cette coalition, tente désespérément de maintenir le cap depuis son soutien à la Transition, tandis que ses anciens alliés semblent avoir choisi une autre voie.
Dernier acte de cette saga : une lutte ouverte entre Jean Ping et une « aile dissidente » dirigée par Vincent Moulengui Boukossou. Ce dernier, dans une déclaration fracassante, fustige la transition menée par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) comme étant un simulacre où « les mêmes hommes, les mêmes pratiques » sont recyclés. Sa critique évoque un bal masqué où les anciens acteurs reprennent insidieusement leurs anciens rôles, notamment avec la nomination de nombreux pédégistes aux postes de responsabilité sous la Transition.
Jean Ping accuse
En réponse à cette infidélité politique, Jean Ping, dans un style caractéristique de professeur sévère, a publié un communiqué strict. Il accuse les dissidents d’user injustement du logo et de son image pour promouvoir des messages qu’il désapprouve fermement. « Cessez immédiatement ! » proclame celui qui a revendiqué jusqu’au bout sa victoire à la présidentielle de 2016 contre Ali Bongo. Un appel qui pourrait émouvoir si ce n’était pour l’ironie omniprésente : ces mêmes dissidents étaient, jusqu’à récemment, ses plus fidèles lieutenants.
Ping tente de réveiller la mémoire collective en soulignant le glorieux passé de la CNR, née en 2016 pour lutter contre « l’imposture et la dictature« . Mais aujourd’hui, la notion de « coalition » semble avoir perdu de sa substance. La CNR est tiraillée par des querelles internes, des ambitions individuelles et des rivalités d’ego, la transformant davantage en épave qu’en boussole du changement.
L’entêtement de l’aile dissidente
De l’autre côté, l’aile dissidente se dresse en chevalier blanc, prétendant être le gardien des promesses négligées. « La transition a trahi le peuple ! » s’insurgent-ils, oubliant qu’ils ont eux-mêmes festoyé à la table des erreurs passées.
Et le peuple, dans cette tragédie politique ? Spectateurs désabusés, les Gabonais attendent toujours que quelqu’un s’occupe enfin de leurs vraies préoccupations. Mais les priorités semblent fixées ailleurs : se battre pour des symboles, régler des querelles publiques, et s’accrocher à des morceaux de légitimité fragile.
Un énième appel pour l’unité
Jean Ping appelle finalement ses troupes à l’unité, avertissant : « Les Gabonais ne nous pardonneront pas. » Pourtant, soyons réalistes : le peuple semble déjà avoir tourné la page. Trop de promesses rompues, trop de divisions.
Alors que le Gabon aspire à un renouveau, cette comédie politique ressemble plus à une tragédie antique qu’à un véritable changement. Pendant que certains rêvent encore de prestige et de grandeur, d’autres transforment l’espoir en une farce cynique. Mais qui aura le dernier mot ? Sans doute pas le peuple, visiblement laissé pour compte dans cette mascarade politique.