Il n’y pas meilleur moyen de réussir qu’en s’inspirant des meilleurs. Pour le cas du Gabon qui entend diversifier son économie, plusieurs exemples s’offrent à lui. Le pays pourrait par exemple s’inspirer de la Côte d’Ivoire pour développer ses filières cacao-café. Concernant la gestion pétrolière qui est entourée de dérapages en tous genres hérités de l’ancien régime d’Ali Bongo, la Norvège pourrait également être une source d’inspiration pour le Gabon. Le pays des Fjords, étant reconnu comme l’un des meilleurs enseignants en matière de gestion de cette rente et de répartition des revenus qui en découlent, les autorités gabonaises gagneraient à s’inspirer de leur modèle en commençant par acter la publication des contrats pétroliers qui se fait toujours attendre.
La norme ITIE (Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives) à laquelle le Gabon a souscrit, exige la publication de toutes les clauses d’un contrat, sans exception. Pourtant, dans notre pays, cette condition est encore loin d’être respectée, mystifiant le secteur avec des clauses qui profitent à quelques individus au détriment de l’ensemble, à l’image des fameux 18% de la famille régnante jusqu’au « coup de libération » qui a été démenti par le ministre du Pétrole Marcel Abeke la semaine dernière. Ce système de gouvernance opaque et inaccessible dans les secteurs pétrolier et minier qui sont les principales sources de revenus du Gabon, ont récemment conduit le Fonds monétaire international (FMI), à exiger des autorités de la Transition, la publication de tous les contrats liés aux industries extractives.
Pourtant, la publication des contrats pétroliers pour le grand public dans un pays producteur revêt une importance capitale. Mieux, elle souligne l’ambition des autorités, de rendre inclusive à la fois la vision et les revenus d’un pays. En rendant les contrats pétroliers accessibles au grand public, le gouvernement gabonais pourrait ainsi renforcer la transparence de leurs transactions et démontrer leur engagement et leur responsabilité envers une gestion responsable des ressources naturelles. Une manière de permettre également aux citoyens, de comprendre les mécanismes de captation des revenus issus de leurs ressources naturelles.
La publication des contrats pétroliers se fait toujours attendre
Malgré tous ces aspects stratégiques et fondamentaux, la publication des contrats liés aux industries extractives se fait toujours attendre. Quelle convention lie l’Etat gabonais à Perenco? Que contient le Contrat d’Exploration et de Partage de Production (CEPP)? Idem pour Maurel & Prom. Que contenait le contrat permettant à l’opérateur d’envisager le rachat d’un autre opérateur, en l’occurrence Perenco? Ce qui nous emmène à la dernière question. Quelles sont les clauses contenues dans le deal entre Gabon Oil Company (GOC), l’Etat gabonais son unique actionnaire et le négociant Gunvor? Quels sont les contours de ce deal qui devrait à terme coûter plus de 720 milliards de fcfa ?
Étant entendu que la publication des contrats dans le secteur pétrolier peut aider à réduire les risques de corruption, en exposant les conditions de chaque accord et en permettant aux parties prenantes, y compris les médias et la société civile, de garder un œil sur les transactions et de signaler toute irrégularité, il n’est donc pas fortuit de réclamer leur publication. Sachant également qu’une plus grande transparence dans les contrats pétroliers peut favoriser un climat d’investissement plus favorable et ainsi attirer des IDE capables de doper notre économie. Il n’y pas meilleur moyen de réussir qu’en s’inspirant des meilleurs. La pétromonarchie du Nord aurait beaucoup à apprendre au Gabon dans ce domaine, pour peu que les nouvelles autorités le veuillent.