Le référendum constitutionnel en cours au Gabon, déjà vivement critiqué pour son manque de transparence, est désormais entaché par de graves accusations de corruption. Selon plusieurs sources concordantes, une somme de 200 millions de fcfa aurait été remise à des leaders de la société civile par des « bailleurs de fonds » afin de garantir leur soutien au “Oui” au projet constitutionnel. Cette révélation soulève de sérieuses inquiétudes sur l’intégrité du processus, et met en lumière les pratiques douteuses entourant la campagne pour le «OUI», y compris pour les partis politiques.
Ces fonds auraient été distribués dans l’optique de mobiliser la société civile en faveur du référendum, mais là où le bât blesse, c’est que leur gestion semble opaque et inégale. Plusieurs membres d’associations de base, pourtant impliqués activement dans la campagne, dénoncent l’absence de redistribution équitable de cette manne financière. Les témoignages recueillis montrent une frustration grandissante parmi ces acteurs, qui affirment n’avoir reçu ni compensation ni reconnaissance pour leurs efforts. «Nous avons été mobilisés pendant des semaines, mais rien n’a été distribué à la base, pas même un simple tee-shirt ou les kits promis pour la sensibilisation », déclare un participant désabusé.
Les pratiques pédégistes refont surface
Cette situation met en lumière un grave problème de gouvernance dans la gestion de ce projet. Cela interpellé également sur les positions douteuses de nombreux leaders politiques sur le projet de constitution. Plutôt que de susciter une adhésion populaire sincère, les autorités de transition semblent avoir opté pour laisser perdurer des pratiques de manipulation à la manière du Parti démocratique gabonais (PDG) sous Ali Bongo Ondimba, tentant d’acheter le soutien de la société civile. D’ailleurs, le président du Mouvement d’émancipation socialiste du peuple, Dr Jean Victor Mouang Mbading, dénonçait une campagne déséquilibrée dans l’émission “Expression libre”. Il ne comprend pas pourquoi les partisans du “Oui” ont reçu des financements et pas ceux du “Non”. Ce dernier a aussi révélé avoir refusé une proposition pour intégrer le gouvernement. « Mais je ne peux pas être ministre dans un gouvernement des esclaves », a confié avec ironie à Gabonactu, celui qui a toujours été droit dans ses bottes.
Quid de la confiance sur tout le processus référendaire ?
Cette gestion des fonds d’organisation du référendum qui s’apparente à un détournement de fonds destiné à promouvoir un projet déjà contesté par une bonne frange de la population, constitue un scandale de plus pour un processus électoral déjà perçu comme liberticide par plusieurs voix de l’opposition. En plus des enjeux de corruption, ces pratiques sapent profondément la confiance du public dans la légitimité du référendum.
Dysfonctionnement institutionnel et moral
Plusieurs membres, qui avaient initialement soutenu le processus, se retirent maintenant, refusant d’être instrumentalisés. Le fossé entre les leaders des associations, soupçonnés d’avoir reçu des fonds, et leurs membres, qui se disent trompés, ne cesse de se creuser. Ce manque de transparence menace ainsi de compromettre l’ensemble de la campagne référendaire. Le référendum, censé symboliser un tournant démocratique pour le Gabon, risque de devenir le théâtre d’un dysfonctionnement institutionnel et moral. L’achat supposé de soutien à coup de millions de francs fcfa en dit long sur l’état de la gouvernance dans le pays, et appelle à une réflexion urgente sur la manière dont sont menés les processus politiques majeurs.
28 milliards de fcfa et une répartition pas claire
En plus de ces accusations de corruption, le financement global du référendum est lui aussi mis en cause. Sur un total de 28 milliards de fcfa décaissés pour organiser cette consultation populaire, des risques majeurs de détournements planent désormais sur cette somme. La répartition des fonds semble largement imprécise, laissant planer le doute quant à leur usage réel. Ces soupçons de mauvaise gestion financière viennent aggraver la situation, dans un contexte où la population réclame une transparence accrue dans les affaires publiques. Nous y reviendrons.