Depuis l’annonce couplée du nouveau code électoral et la programmation expresse de l’élection présidentielle le 12 avril prochain, les forces composantes du système politique gabonais dénoncent des entraves à l’équilibre démocratique. Après Alain-Claude Bilie-By-Nze et Albert Ondo Ossa, c’est au tour de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) et la nouvelle plateforme politique « Telema » d’en remettre une couche au pouvoir militaire. Dans une déclaration conjointe, les deux parties dénoncent une ingérence des militaires et des magistrats dans les « batailles » électorales à venir.
Nouveau code électoral : une bombe à retardement ?
La date de l’élection présidentielle est connue. Elle se tiendra le 12 avril 2025. Cette annonce a fait l’effet d’une bombe dans la sphère politique. Si beaucoup ne comprennent pas la précipitation du gouvernement à organiser la fin de la Transition avec la bénédiction des militaires au pouvoir, d’autres en revanche, questionnent certaines dispositions du nouveau code électoral qui autorise les militaires et les magistrats à être candidats lors des élections au Gabon. Une donne qui change du tout au tout la perception du jeu des équilibres dans un pays autrefois fragmenté par les appétences du pouvoir.
Pour Vincent Moulengui Boukoussou, chef de file du CNR : « un code électoral qui consacre la participation des militaires et magistrats aux élections politiques […], est une offense à la mémoire des pères fondateurs de la République. Elle ternit l’image du Gabon à l’international », se désole-t-il.

Quant à Noël Bertrand Boundzanga, leader de la plateforme Telema et soutien du CTRI aux premières heures du coup d’État (il a été président de la Commission politique au Dialogue national inclusif d’Agondjé en avril 2024), affirme q’un tel code électoral augmente les risques d’aggravation d’une crise électorale. Et les conséquences à cette entorse sont latentes, si les choses demeurent en l’état. Les chances d’une élection politique apaisée semblent s’amenuiser car de plus en plus, des voix s’élèvent pour dénoncer le modus operandi des autorités militaires au pouvoir.
Oligui Nguema face au dilemme de la parole donnée
Depuis l’adoption du nouveau code électoral, le Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema ne s’est pas encore clairement exprimé sur sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Il entretient le flou total et reste impassible aux nombreux appels de ses soutiens à se présenter. Néanmoins, certains observateurs avertis y voient plusieurs signaux de sa future présence dans l’arène, alimentant des spéculations autour de ses velléités de candidature. Pour les deux parties, Oligui Nguema devrait s’abstenir. Son implication en tant qu’acteur donnerait un signale d’alarme quant à la fiabilité des résultats à l’issue de la proclamation des résultats.
Un climat pré-électoral déjà tendu ?
Le contexte pré-électoral s’annonce quelque peu orageux. Si rien n’est fait. le divorce politique qui commence à s’amorcer avec ces déclarations qui fusent de l’aile opposée à Oligui Nguema, ferait craindre le spectre d’un engrenage politique. Jugeant cette situation préoccupante pour l’avenir du pays, Vincent Moulengui Boukoussou et son allié Noël Bertrand Boundzanga, appellent à la mobilisation de toutes les franges de la population à rejeter ce nouveau code électoral qui contribuerait, disent-ils, à désarticuler l’organisation des élections dans le pays.