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Habitat : la SCI Cuffo et le projet ambitieux de 1416 logements à Okolassi

le coup de coeur

Après plusieurs tentatives infructueuses sous le régime d’Ali Bongo, la SCI Cuffo revient à la charge avec son ambitieux projet immobilier à Okolassi. Estimé à 100 milliards de fcfa environ, ce programme promet la construction de 1416 logements, accompagnés d’un hôpital de 80 lits, d’un complexe scolaire et d’un centre d’affaires. À première vue, il s’inscrit dans la dynamique des grands projets d’aménagement censés répondre au déficit criant de logements au Gabon. Pourtant, cette initiative, portée par Harry Engone Olympio, ne date pas d’hier. 

Derrière l’enthousiasme affiché par le Premier ministre de la transition, Raymond Ndong Sima, se cache une réalité plus complexe. La SCI Cuffo n’en est pas à sa première tentative de présentation de ce projet à l’Etat. Déjà en 2016, puis en 2021, ce programme immobilier ambitieux avait été présenté aux autorités gabonaises comme une solution au déficit chronique en logements. Il prévoyait la construction de 1416 logements, accompagnés de deux complexes scolaires, une polyclinique, un marché de gros et de détail, un centre commercial et un système d’adduction d’eau. 

À l’époque, le projet avait réussi à capter l’attention des investisseurs, ce qui lui avait permis de réunir une partie du financement nécessaire. Ainsi, en septembre 2021, la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC) avait octroyé à la SCI Cuffo un prêt-programme de 45 milliards de fcfa, destiné à financer l’aménagement et la viabilisation des 132 hectares sur lesquels devait s’ériger cette nouvelle ville. Cet appui financier, inscrit dans la logique du Programme Économique Régional (PER) et du Plan Stratégique 2017-2022 de la BDEAC, devait permettre d’accélérer la mise en œuvre du projet. 

À cela s’ajoutait un investissement de 22,5 milliards de fcfa, mobilisé auprès d’un fonds canadien, ainsi que 31 milliards de fcfa de fonds propres apportés par l’entreprise. Avec un total de près de 100 milliards de fcfa, la SCI Cuffo semblait alors disposer des ressources nécessaires pour concrétiser son ambition. Malgré ces engagements financiers, le projet est resté en suspens. Que s’est-il passé entre 2021 et 2025 ? Les financements annoncés ont-ils été débloqués ? Les études d’impact et les procédures administratives ont-elles abouti ? Aucune information claire ne permet de comprendre pourquoi cette initiative, qui avait pourtant réuni le financement nécessaire, n’a jamais été mise en œuvre. 

Aujourd’hui, alors que le gouvernement de transition cherche à relancer le secteur du logement, la SCI Cuffo réapparaît, espérant sans doute un soutien institutionnel plus décisif. En parallèle, l’État lui-même peine à structurer une politique de logement efficace et inclusive. Le Plan National de Développement pour la Transition (PNDT) 2024-2026 prévoit plusieurs projets d’envergure, dont la construction de 6000 logements sociaux et l’aménagement de milliers de parcelles. Pourtant, les populations à revenu modeste restent largement exclues des dispositifs de financement, et l’auto-construction demeure la seule alternative viable pour une majorité de Gabonais. 

LIRE AUSSI : Gabon : le CTRI promet de construire 6000 logements sociaux d’ici 3 ans 

Le cas du Domaine Saint Michel d’Okolassi illustre ainsi une approche symptomatique des politiques publiques en matière d’habitat : des projets ambitieux, portés par des acteurs privés ou publics, mais qui peinent à se matérialiser faute d’une vision globale et d’un cadre de gouvernance efficace. L’absence de mécanismes de suivi rigoureux et la faible implication des collectivités locales dans ces initiatives fragilisent leur mise en œuvre. De plus, l’accent mis sur de grandes opérations immobilières tend à occulter la nécessité de réformes structurelles, notamment en matière d’accès au foncier, de régulation des coûts de construction et d’encadrement du marché locatif.

Si les autorités de transition veulent réellement marquer une rupture avec les erreurs du passé, elles devront aller au-delà des simples annonces et s’assurer que chaque projet lancé repose sur des bases solides. Le secteur de l’habitat ne peut se résumer à des plans grandioses qui, faute de suivi et d’adéquation avec les réalités socio-économiques du pays, finissent par rejoindre la longue liste des initiatives avortées. Pour l’heure, la SCI Cuffo attend son feu vert, mais son projet, aussi séduisant soit-il sur le papier, devra prouver qu’il ne deviendra pas un mirage de plus dans le paysage urbain gabonais.

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