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Gabon : 91,6% d’électrification selon la Banque mondiale, mais pourquoi autant de coupures? 

le coup de coeur

Ferdinand DEMBA
Ferdinand DEMBAhttp://www.insidenews241.com
Passionné de lettres et désormais de chiffres, FD est le directeur de publication d’Inside News241. Journaliste de métier et de convictions, lui et son équipe sont au service d’une information objective, d’utilité publique et au service de la vérité.

Le Gabon affiche un taux d’électrification de 91,6%, un chiffre qui semble indiquer une couverture énergétique solide. Pourtant, les réalités du terrain racontent une toute autre histoire : coupures récurrentes, délestages massifs et infrastructures vétustes. La Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), en charge de la distribution pour le compte de l’État, est au cœur du problème. Alors que la demande en électricité explose, les investissements de l’Etat nécessaires à l’entretien et à l’expansion du réseau restent largement insuffisants. 

Dans le même temps, la masse salariale de l’entreprise a explosé, passant d’une vingtaine de milliards de fcfa en 2014 à plus de 55 milliards en 2023, sans que la qualité du service ne s’améliore. Cette augmentation faramineuse des charges salariales témoigne d’une gestion financière peu orthodoxe, où l’argent est davantage dirigé vers des coûts de fonctionnement que vers des projets structurants. Pendant que les effectifs et les rémunérations s’envolent, les investissements dans les infrastructures restent en berne. 

Vétusté du réseau de transport et de distribution

Certes, une hausse des dépenses d’investissement a été observée ces dernières années, mais elle demeure mal orientée. Plutôt que de moderniser un réseau vieillissant ou d’optimiser la production énergétique, l’argent est injecté dans des projets secondaires, peu adaptés aux besoins urgents du pays. Résultat : les installations électriques ne suivent plus la demande, et le pays s’enfonce dans une crise énergétique persistante.

LIRE AUSSI : Gabon : SEEG à l’agonie et absence de vision stratégique pour sécuriser la fourniture d’électricité

L’un des problèmes majeurs est la vétusté du réseau de transport et de distribution. Les lignes haute tension, les transformateurs et les centrales souffrent d’un manque d’entretien chronique, et chaque surcharge entraîne des coupures. De plus, la forte dépendance du Gabon à l’hydroélectricité aggrave la situation : en période de sécheresse, la production diminue, et les centrales thermiques censées prendre le relais sont coûteuses et inefficaces. Pourtant, le pays dispose de vastes réserves de gaz naturel qui pourraient être mieux exploitées pour stabiliser la production. L’absence de diversification énergétique et de vision stratégique empêche toute amélioration durable.

Une stratégie globale et cohérente

Pour mettre fin à cette situation, une refonte complète de la politique énergétique s’impose. Il ne suffit pas d’augmenter les investissements, encore faut-il qu’ils soient ciblés sur les véritables priorités : modernisation du réseau, construction de nouvelles centrales adaptées aux besoins réels et intégration d’énergies renouvelables comme le solaire et le gaz. Par ailleurs, la gestion financière de la SEEG doit être assainie, afin de garantir que l’argent public ne soit pas dilapidé dans une bureaucratie inefficace. C’est ce que tente de faire le Comité pour la transition et la restauration des institutions depuis la mise sous administration provisoire de l’entreprise oligopolistique. Une stratégie globale et cohérente, prenant en compte les réalités économiques, techniques et sociales, est essentielle pour sortir définitivement de la spirale des délestages et bâtir un secteur énergétique stable et fiable.

En l’état actuel, le chiffre de 91,6% d’électrification est une illusion. Derrière cette statistique flatteuse, la réalité est celle d’un pays qui peine à assurer une fourniture d’électricité fiable et continue. Tant que les investissements ne seront pas mieux orientés et que la gestion du secteur ne sera pas repensée en profondeur, le Gabon continuera d’être plongé dans le noir, au sens propre comme au figuré.

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